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mobilisation des acteurs de santé
Alors que le coronavirus déstabilise un système sanitaire africain déjà très fragile, plusieurs acteurs privés de la santé soutenus par Proparco se mobilisent pour surmonter cette crise – économique et sociale – majeure.

#Covid-19 #Santé #Afrique

La pandémie de Covid-19 ne connait aucune frontière et n’épargne plus l’Afrique. Elle y est certes moins violemment ressentie qu’en Europe ou qu’aux Etats-Unis mais le pire est peut-être à venir. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoit en effet un pic épidémiologique sur de nombreux pays du continent dont certains font face à des contextes sanitaires difficiles. Selon l’épidémiologiste camerounais Yap Boum, la situation évoluait mi-mai plus « dangereusement au Nigeria, en Afrique du Sud ou en République démocratique du Congo […] ce qui rejoint les inquiétudes de l’OMS ».

La fragilité et la disparité des systèmes de santé africains rendent la situation particulièrement inquiétante. Le Monde rappelle ainsi qu’en République centrafricaine, seulement trois respirateurs artificiels étaient disponibles début avril pour une population d’environ 5 millions d’habitants. « À titre de comparaison, la France en détenait environ 5 000 avant le début de l’épidémie ».

De nombreux pays africains doivent également lutter contre la contrefaçon de médicaments, enjeu majeur de santé public. Au Sénégal par exemple, de plus en plus de personnes se tournent vers le marché informel pour trouver de supposés remèdes contre le Covid-19, au risque de se procurer des traitements falsifiés

Lire aussi : numéro spécial de la revue de Proparco Secteur Privé & Développement sur l’accès des médicaments en Afrique

Pour contrer cette crise hors norme – dont les impacts économiques et sociaux sur les populations africaines les plus fragiles s’annoncent considérables en raison de la récession occidentale –, les acteurs privés de la santé se mobilisent. En particulier les start-up, orientées sur la santé connectée, secteur en pleine révolution. Ces dernières années, quantité d’initiatives et de projets ont en effet « essaimé », pour compenser, précise Le Point, « le manque de personnel soignant et d'infrastructures de santé ». Cette dynamique contribue à faire émerger dans plusieurs pays du continent des innovations locales, conçues par les Africains pour l’Afrique.

C’est le cas du Pass Santé Mousso, un bracelet électronique relié à une application qui permet de porter sur soi sous forme de bijou ses données personnelles et médicales. Créé en 2018 en Côte d’Ivoire par l’entrepreneure Corinne Maurice Ouattara, son usage a explosé avec la crise sanitaire actuelle. « Avec un groupe d’entrepreneurs et soutenus par la Banque africaine de développement [BAD], nous avons proposé de booster le Pass pour en faire un outil de pré-diagnostic et de suivi des malades du Covid-19 », explique l’entrepreneure dans les colonnes du Monde. En 2019, elle a participé au programme d’accélération Social & Inclusive Business Camp (SIBC) de l’Agence française de développement (AFD), qui regroupe chaque année plusieurs dizaines d’entrepreneurs sociaux originaires de toute l’Afrique. Corinne Maurice Ouattara a également partagé son expérience à Abidjan lors d’un récent évènement Choose Africa, l’initiative française qui vise à consacrer 2,5 milliards d’euros – via les outils du Groupe AFD – au financement de start-up et de PME du continent.

Forte solidarité du secteur privé

Ailleurs sur le continent africain, d’autres initiatives portées par des acteurs privés mettent en place des systèmes qui relient patients et monde médical en cette période de crise. C’est le cas de mPharma, soutenue par le fonds d’impact Novastar II dans lequel Proparco a investi en 2019. Cette start-up – qui opère au Nigéria, au Ghana et en Zambie – vient de présenter un équipement mobile de dépistage Covid-19 à l'Institut Noguchi pour la recherche médicale de l'Université du Ghana.

Au Kenya, la jeune pousse Ajua (anciennement mSurvey) – spécialisée dans le suivi en temps réel des avis de consommateurs et soutenue par Proparco – a rendu public une éclairante analyse sur l’acceptation des mesures de confinement et des politiques sanitaires.

Au Maroc, c’est le groupe ODM – qui regroupe plusieurs cliniques et centres de diagnostic spécialisés en oncologie – qui s’est mobilisé dès le début de la pandémie en fournissant plusieurs respirateurs et moniteurs à l’hôpital de Sidi Moumen à Casablanca. En 2018, Proparco a participé, auprès d’un consortium d’investisseurs, au rachat du groupe ODM à ses actionnaires historiques. Une opération qui a permis d'accroître le nombre de consultations de diagnostic et de traitement des cancers au Maroc.