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Tour d’horizon des nouvelles solutions pour accompagner l’essor des PME

Publié le

Amélie Thomas Responsable du marché des PME pour la région AFMO Société des Energies de Côte d’Ivoire

SP&D SAF

Hors série - Sommet Afrique-France : les nouvelles dynamiques entrepreneuriales en Afrique

À l’occasion du Nouveau Sommet Afrique-France qui s'est tenu à Montpellier en octobre 2021, ce hors série de la revue Secteur Privé & Développement a exploré les nouvelles dynamiques entrepreneuriales en Afrique.

Les PME en Afrique représentent 90 % des sociétés privées et embauchent 70 % de la population rurale. Elles ont un rôle essentiel à jouer pour l’emploi et le développement économique du continent. Mais quand elles souhaitent investir pour accélérer leur essor, elles font face à de nombreux obstacles. Il est donc essentiel d’adapter les dispositifs pour les accompagner plus efficacement.

En tant que banque pleinement engagée pour accompagner le développement durable de l’Afrique, Société Générale, dans le cadre de son initiative Grow with Africa, fait de l’essor des PME un axe majeur de sa stratégie. Par le financement, en décidant d’augmenter de 60 % ses encours de crédit aux PME africaines, en cinq ans, mais également par un accompagnement à la struc- turation des projets d’entreprises. Le secteur informel est très répandu sur le continent, ce qui peut constituer pour des prêteurs comme les banques un frein à l’accès au financement : inexistence de la personne morale, absence d’états financiers, etc. Aider toutes les PME à se structurer afin d’avoir un dossier solide à présenter lors d’une demande de financement est clé dans cette démarche.

« De nombreuses structures d’appui interviennent dans l’écosystème entrepreneurial. Nous avons la conviction qu’un accompagnement mul- tidimensionnel financier et non financier, mené en coopération avec des acteurs internationaux et des experts locaux dans l’accompagnement des entreprises, permet de lever les principaux freins à la création et au développement des entreprises », explique Aissatou Rassoul Gueye, responsable de la Maison de la PME chez Société Générale Sénégal. Avant d’ajouter : « Le Groupe a d’ailleurs créé des lieux d’accueil dédiés à cet accompagnement multidimensionnel des PME, qu’elles soient ou non clientes : les Maisons de la PME ». Ce concept apporte une réponse concrète à la problématique de suivi et de financement des PME. Pour cela, en sus des partenariats internationaux (Groupe AFD, Bpifrance, Inves- tisseurs & Partenaires, Réseau Entreprendre, etc.), des partenariats locaux (ADEPME, APIX, Bureau de mise à niveau...) sont tissés. Ils apportent notamment des expertises comptables, tech- niques (business plan, RH, digitalisation…) et juridiques, au travers de conseils, formations et monitoring. En parallèle, les équipes de Société Générale étudient des solutions de financement pour les entreprises accompagnées à tous les stades de leur cycle de vie. À ce jour, huit Maisons de la PME sont ouvertes au Bénin, au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guinée, à Madagascar et au Sénégal. Une neuvième Maison doit prochainement ouvrir au Mozambique. Dans le cadre de ses besoins d’investissement, la PME est en attente d’une démarche fluide et simple pour la demande de crédit, ainsi que d’une réponse rapide. Les banques doivent donc aider l’entrepreneur à cadrer sa demande et à démontrer l’impact de ces investissements sur le développement de son activité. Elles doivent en parallèle s’adapter à la réalité des petites et moyennes entreprises et trouver des solutions alternatives à l’évaluation du risque de crédit.



 

ADAPTER LE SYSTÈME FINANCIER ACTUEL AUX RÉALITÉS DES PME

Les besoins en financement peuvent être couverts par différents produits et services classiques. Il y a bien entendu les crédits court terme pour les besoins de trésorerie ponctuels et les crédits moyen-long terme pour des investissements plus conséquents.

Mais il existe aussi d’autres solutions, moins connues, qui répondent à des besoins plus spécifiques, comme par exemple les dispositifs de financement en leasing : la plupart des matériels à usage professionnel peuvent faire l’objet d’un financement sous forme de crédit-bail mobilier ou de location financière (véhicules de transport, équipements industriels, engins de travaux publics, bureautique...). Une autre solution concerne l’affacturage qui permet de préfinancer les factures dès leur émission et de sécuriser leur paiement à échéance (garantie contre les impayés). Citons également le reverse factoring qui permet aux entreprises d’accéder à du préfinancement à taux privilégié et de mieux gérer leur poste clients ou encore les produits et services structurés sur mesure. L’adaptation du système financier actuel aux réalités des PME est indispensable, l’idée étant d’apporter des solutions de financement qui ne se basent plus uniquement sur le bilan financier de l’entreprise, mais sur une approche de financement transactionnelle, couplée à une analyse de l’environnement et du risque de performance de celle-ci. « Société Générale Côte d’Ivoire (SGCI), s’inscrivant dans cette dynamique, a développé un programme de financement dédié dénommé "Product Program", indique Marc Giugni, directeur général adjoint de SGCI. « Ce programme repose à ce jour sur quatre offres de financement transactionnel couvrant les besoins d’exploitation. Prochainement, les besoins inhérents aux  investissements seront intégrés », précise-t-il. L’adossement d’une garantie, quand cela est possible, représente un levier important pour appuyer une demande de crédit. « Notre volonté d’industrialiser les financements à l’endroit des PME est également soutenue par des partenariats avec des institutions de financement du développement (IFD), en vue de bénéficier de garanties de partage de risque », souligne Marc Giugni. Le Groupe AFD, via les garanties délivrées par Proparco, permet à ce titre d’accompagner de nombreuses entreprises. Depuis plus de dix ans, Société Générale compte d’ailleurs parmi les principaux bénéficiaires du dispositif de partage des risques ARIZ pour développer le financement des entreprises en Afrique. En outre, dans le contexte de crise lié à la pandémie de Covid-19, nous avons été la première banque à déployer le dispositif de garantie Choose Africa Résilience de Proparco (voir Chiffres-clés, pp. 28 et 29).



 

ACCOMPAGNER LES PME AVEC DES SOLUTIONS EFFICACES ET INNOVANTES

L’une des caractéristiques des entreprises en Afrique est la faiblesse de leurs fonds propres. Il paraît donc opportun de tisser davantage de partenariats avec des fonds publics d’investisse- ment panafricains ou nationaux pour permettre aux PME ayant des plans de développement ambitieux de les mettre en œuvre via du finan- cement de haut de bilan. La digitalisation des flux joue également un rôle essentiel dans le développement des entreprises, et ce sujet a pris encore plus d’am- pleur dans le contexte sanitaire actuel. Les banques doivent donc savoir mettre à la dis- position de leurs clients des solutions efficaces et innovantes pour gérer leurs comptes, leurs encaissements, leurs paiements ou encore le versement de salaires à distance. Les outils de banque en ligne se développent pour automatiser certaines opérations, donner plus d’autonomie aux entreprises et ainsi leur garantir plus de réactivité et d’efficacité. « Pour aller plus loin dans la relation client-fournisseur, nous avons lancé une nouvelle solution de paiement BtoB qui permet aux entreprises, via une application mobile, de gérer les transactions commerciales avec leurs partenaires distributeurs en temps réel et en toute sécurité », annonce Mohamed Nazim Bessaih, directeur du réseau de centre d’affaires Entreprises chez Société Générale Algérie. En parallèle, YUP, filiale du groupe, offre la possi- bilité dans certains pays du continent de payer ses fournisseurs et ses salariés, bancarisés ou non, via une solution de mobile money. Par ailleurs, une proportion croissante de l’activité se fait désormais à l’international, ce qui implique d’apporter des solutions pour sécuriser les flux internationaux. « Le marché algérien, par exemple, est en pleine ouverture. Cela crée de nouvelles perspectives pour les PME, relève Mohamed Nazim Bessaih. Nous avons donc lancé en 2020 une offre de change à terme qui permet aux entreprises actives dans l’import-export de sécuriser le risque de change ». Enfin, la femme africaine a cette particularité d’être la plus entrepreneuse du monde : près d'un quart des Africaines créent leur propre entreprise et les femmes produisent près de 65 % des biens du continent. Toutefois, seule une minorité d’entre elles a accès aux services financiers dont elles ont besoin pour développer leurs projets. Il est donc essentiel d’accompa- gner ces femmes africaines et de permettre ainsi l’essor des PME du continent. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de soutenir des programmes dédiés à l’entrepreneuriat féminin, tels que le programme WIA 54 de la fondation Women in Africa (voir également pp. 10 à 13). Les femmes, avenir de l’entrepreneuriat  africain ?