La ville de Rio constitue un bastion du développement durable depuis le Sommet de la Terre de 1992. Nous nous sommes engagés à parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050, et à atteindre les objectifs de l’Agenda 2030, reflétés dans notre « Plan pour le développement durable et l’action climatique ». Pour autant, plus de 30 ans après la Déclaration de Rio, il faut se rendre à l’évidence : le « partenariat mondial » établi dans le but de « conserver, protéger et rétablir la santé et l’intégrité de l’écosystème terrestre » a encore un long chemin à parcourir.
En tant que capitale qui accueillera en 2024 le sommet du G20, nous plaidons en faveur d’une accélération des changements structurels, indispensables pour atteindre nos objectifs communs. Nous redoublons d’efforts pour amener des transformations fondamentales par l’action locale. Nous priorisons les politiques publiques qui participent à la transition vers une économie bas-carbone et qui stimulent le développement durable dans notre ville. La loi dite « de l’ISS neutre » et le Centre pour l’énergie et la finance de demain sont deux initiatives majeures en la matière.
UNE INITIATIVE STRUCTURANTE DE PREMIER PLAN
La loi n° 7907 du 12 juin 2023 – ou loi « de l’ISS neutre » (lei do ISS Neutro) –, vise à stimuler le marché des crédits carbone à Rio. Pour cela, la municipalité propose jusqu’à 60 millions de réaux (environ 11,7 millions d’euros) d’abattement annuel concernant la « taxe sur les services de toute nature » (ISS). Cette offre s’adresse aux sociétés établies à Rio qui acquièrent de façon volontaire des crédits carbone, afin d’atténuer les dommages environnementaux dus à leurs activités. En outre, le taux de cette taxe ISS passera de 5 % à 2 % sur les activités d’inventaire des émissions et de mise en œuvre ou d’audit des projets, rejoignant ainsi l’enregistrement et le développement des plateformes transactionnelles liées aux crédits carbone, qui bénéficient déjà du taux réduit.
Cette loi inédite est la première du genre au Brésil. Elle vise à encourager la participation volontaire au marché des crédits carbone. S’inscrivant dans le cadre de notre ambition générale de positionner Rio comme l’épicentre de l’investissement vert dans le pays, cette initiative nous aide à atteindre nos objectifs de neutralité en matière d’émissions de CO2 : 5 % d’ici 2024, 20 % d’ici 2030 (dans les deux cas, par rapport à 2017), et 100 % en 2050. Le mécanisme incitatif est temporaire (il s’appliquera jusqu’à fin 2030) et exige, de la part des bénéficiaires, leur mise en conformité avec les normes internationales de certification, renforçant ainsi la crédibilité des compensations.
Malgré son potentiel, le marché du carbone est encore balbutiant, à Rio et au Brésil, en l’absence de réglementations effectives – même si le sujet reste à l’ordre du jour du Congrès. Par conséquent, faciliter dès à présent l’entrée d’un maximum de sociétés sur ce marché peut s’avérer essentiel pour qu’au moment de sa consolidation, ces entreprises déjà implantées dans la ville décident d’y rester. En outre, des études récentes menées par le réseau C40 Cities ont montré qu’en plus d’aider les villes et les États à atteindre leurs objectifs de réduction des émissions, l’investissement écologique ouvre des perspectives de création d’emplois verts au niveau local et joue un rôle majeur de catalyseur pour une croissance économique durable. Cette loi devrait aussi avoir des retombées positives sur la santé des Cariocas : la neutralisation des émissions sur la base de crédits carbone générés localement entraînera en effet une meilleure qualité de l’air à Rio.
RÉUNIS SOUS UN MÊME TOIT
Autre initiative fondatrice, le « Centre pour l’énergie et la finance de demain » regroupera en un seul lieu l’ensemble des travaux et actions de la mairie de Rio autour de l’économie verte, et deviendra à ce titre le véritable « cerveau vert » de la ville. Il sera le fer de lance de la transition énergétique, et nourrira l’écosystème de la « finance verte » à Rio. Pour encourager l’innovation en matière de technologies, d’outils financiers et d’entrepreneuriat, le Centre jouera le rôle d’interface névralgique entre les universités, les pouvoirs publics et le secteur privé. Le Centre occupera une superficie de 4 440 m2 rue do Passeio, dans le centre historique de Rio ‒ les travaux doivent s’achever en 2024. Situé au cœur de ce qui sera bientôt la toute première zone à faibles émissions du Brésil (décret municipal 51 047/22), le bâtiment donne sur le Passeio Público, le plus ancien parc public du continent américain.
En tant que ville d’envergure mondiale, nous croyons beaucoup aux coopérations internationales ; nous accueillerons au sein du Centre des partenaires nationaux comme internationaux. En amont du G20, et conformément à notre conviction qu’il faut accroître le financement du développement durable et accélérer la transition énergétique à l’échelle de la ville tout entière, Rio étudie des mécanismes financiers sophistiqués pour développer l’action locale. Les structures de financement mixte et les crédits à la biodiversité urbaine sont quelques-unes des pistes explorées. Ces idées et ces projets seront rassemblés sous l’égide du Centre, ce qui permettra d’assurer l’alignement des parties prenantes et la cohérence des initiatives.
D’ici 2050, deux êtres humains sur trois habiteront dans une ville ou une métropole. Si des efforts locaux comme ceux menés à Rio ont un poids incontestable, nous ne pouvons en aucun cas les porter seuls. Les villes font encore face à un déficit de financement colossal en matière d’infrastructures vertes, et il est urgent de doper la disponibilité des financements publics et privés en la matière. Un effort collectif est nécessaire pour intégrer pleinement l’architecture financière mondiale et les besoins de développement d’un modèle urbain durable. Faute de quoi, sans un engagement planétaire pour l’action et le changement, et nonobstant les efforts louables accomplis au niveau local, l’agenda 2030 ne sera bientôt plus qu’un mirage.