Partager la page
Partenariats avec le secteur privé : une condition essentielle pour lutter contre la faim
Publié le
- Janvier K. Litse Conseiller en développement financier pour l’Afrique Programme alimentaire mondial
- Divya Mehra Conseillère pour les partenariats stratégiques Programme alimentaire mondial
- Varya Meruzhanyan Responsable des partenariats stratégiques Programme alimentaire mondial

Secteur Privé & Développement #39 - Sécurité alimentaire : l'apport du secteur privé
À l’occasion de la Journée mondiale de l'alimentation du 16 octobre 2023, la 39e édition de la revue était consacrée à la sécurité alimentaire. Ce numéro propose une réflexion collective sur le sujet et souligne la nécessité de renforcer l’implication du secteur privé pour garantir la sécurité alimentaire dans le monde.
Pour pouvoir espérer vaincre la faim dans le monde il faudra que les systèmes alimentaires durables – comprenant les exploitations agricoles de petites taille et les entreprises locales de transformation des denrées – se structurent et se développent. Cela nécessite un engagement du secteur privé (apportant innovation et efficacité) et l’appui de financements privés responsables. Pour cela, les partenaires de développement et les Nations unies doivent aider les gouvernements à créer un environnement propice.
Les crises alimentaires et énergétiques mondiales du fait de la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales, de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine ont encore ralenti les faibles progrès réalisés pour atteindre le deuxième Objectif de développement durable (ODD 2, « Faim zéro »). Si le coût de la transformation des systèmes alimentaires est estimé entre 300 et 350 milliards de dollars par an, on considère que la part directement liée à l’ODD 2 représente 170 à 190 milliards de dollars.
L’aide publique au développement reste insuffisante pour couvrir ces besoins. Il est donc plus que jamais nécessaire de diversifier les sources de financement. Pour les institutions de développement, s’appuyer sur les financements privés suppose la mise en place de partenariats permettant d’identifier et de mobiliser des solutions de financement privé qui soient durables, mutuellement bénéfiques, et qui aient un impact positif en faveur de l'ODD 2.
OPPORTUNITÉS DANS LE DOMAINE DE L’ALIMENTATION ET DE LA NUTRITION
Par rapport à d’autres défis de développement moins tangibles que ceux de l’alimentation, ou qui nécessitent des investissements majoritairement publics, certaines composantes du système alimentaire et des chaînes de valeurs agro-alimentaires peuvent être déployées et fonctionner en s’appuyant sur des modèles innovants de partenariat public-privé. De par son expérience et son savoir-faire, une agence comme le Programme alimentaire mondial qui a aidé plus de 160 millions de personnes dans 120 pays en 2022, peut soutenir le déploiement de solutions durables à grande échelle, sur les thématiques suivantes :
- Inclusion financière – gestion des ressources, assurance et épargne. Dans une perspective d’atténuation des chocs climatiques, le PAM aide les agriculteurs exposés et leurs familles en leur proposant une démarche de gestion des risques, qui réduit leur vulnérabilité financière et favorise leur résilience. Cette approche englobe la gestion des actifs, l’assurance, la diversification, le microcrédit et l’épargne et donne lieu à des partenariats de partage du risque avec des institutions financières et des organismes publics.
- Accès au marché et chaînes de valeur. Les petits agriculteurs ont du mal à accéder aux marchés du fait d’infrastructures insuffisantes, d’un manque de moyens financiers et à cause d’une information de marché mal adaptée. En les aidant à se lier plus étroitement aux marchés et à être mieux informés, le PAM contribue à renforcer à la fois les moyens de subsistance de ces petits exploitants et l’offre de produits alimentaires – tout en améliorant leur intégration dans les chaînes de valeur formelles. En appui à un développement structuré de l’agriculture à petite échelle, des agro-PME et de la transformation locale des denrées, le PAM y voit aussi l’opportunité d’attirer les financements du secteur privé par un ancrage de la demande et diverses formes d’accompagnement technique, sur toute la chaîne de valeur.
- Soutien à la production locale d’aliments complémentaires. Le PAM a une grande expérience en matière de production locale de denrées alimentaires nutritives et de qualité, résultat de son expérience en matière de production pour les marchés de proximité et d’approvisionnement pour le compte des gouvernements. Il peut cependant s’avérer difficile de répondre à une demande d’aliments nutritifs, surtout lorsqu’ils sont spécialisés (ANS), en raison du manque de réactivité des chaînes logistiques et d’une fiabilité des approvisionnements parfois défaillante. Pour les investisseurs privés, l’installation d’une production locale d’ANS est souvent compliquée en l’absence d’incitations de marché – au-delà des achats institutionnels – et du fait du montant élevé de l’investissement initial et des contraintes réglementaires.