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En proposant des dérivés de change sur les marchés émergents, TCX absorbe le risque lié aux fluctuations des monnaies et permet le financement de l’économie en devises locales – ce qui peut être primordial en cas de crise économique. En travaillant avec des bailleurs de fonds internationaux qui soutiennent des institutions financières et entreprises locales, le fonds impacte in fine la vie des entrepreneurs des pays les plus fragiles.

La plupart du temps, les entrepreneurs des pays les plus fragiles n’ont pas accès à un financement dans leur devise et se voient contraints de financer leurs entreprises en devise forte (euros ou dollars). Étant donné que leurs revenus sont en devise locale, ils se retrouvent, outre les risques inhérents à leur activité, exposés à un risque de change contre lequel ils sont incapables de se prémunir. Ce risque de change – qui est la résultante de la dévaluation de leur devise – a comme effet immédiat de contraindre les agents économiques locaux à diminuer leurs coûts, de différer leurs investissements et, dans les cas les plus extrêmes, de mettre en faillite leur affaire. À l’inverse, la mise en place de financements en devises locales dans les pays les plus fragiles permet aux entreprises de créer de la richesse qui sera investie localement, qui créera des emplois et qui assurera la pérennité de l’activité économique.

 

TCX et les banques : une véritable complémentarité

Il est essentiel de soutenir les flux de capitaux du secteur privé en devise locale vers des banques commerciales et d’investissements, pour servir les besoins en devises locales de leurs entreprises clientes ainsi que pour couvrir, dans certains cas, son propre risque de change.

Au niveau national, les banques centrales sont incontournables pour construire un tissu économique solide et stable qui va permettre aux investisseurs étrangers de placer leurs capitaux en pleine confiance. En Géorgie, par exemple, avec le soutien d’organisations supra-nationales, la banque centrale de Géorgie (NBG) a développé une série d’outils permettant de renforcer l’accès à sa devise, le lari, et de facto « dédollariser » son économie. Ces mesures intervenaient après plusieurs années de dépréciation du lari (-32 % entre 2015 et 2016) – une situation qui pesait particulièrement sur les ménages et les entreprises, qui s’étaient beaucoup financés en dollars et qui avaient vu leur dette nominale augmenter. Point d’orgue de cette initiative, la NBG a contraint le secteur bancaire de financer ses clients en devise locale, ce qui a eu comme effet immédiat une appréciation du lari contre le dollar (+ 9 % depuis début 2017). Dans ce contexte, TCX a répondu immédiatement à la demande des institutions financières en offrant des financements externes en lari.

De fait, l’intégralité de l’appétit au risque de TCX disponible pour le lari a été utilisée sur le seul mois de mars 2017 – du jamais vu ! La Géorgie semble aujourd’hui bien positionnée pour « dédollariser » efficacement son économie et assurer la protection de toute la chaîne.

 

Avec les institutions de microfinance, protéger les clients les plus fragiles

Dans la région du Mékong, la Birmanie a d’ailleurs bien saisi les risques d’une économie « dollarisée » : les institutions de microfinance et les banques ont l’obligation de financer leurs clients en kyat. Pour permettre au secteur privé de passer sous les conditions imposées par la banque centrale aux bailleurs de fonds internationaux – qui ne peuvent pas prêter à plus de 13 % en kyat –, TCX et LIFT¹ ont créé un programme où des fonds sont mis à la disposition de TCX pour subsidier le coût de la couverture offerte à ses investisseurs. Ces derniers peuvent désormais financer en devises locales les institutions de microfinance, répondant ainsi aux impératifs de la banque centrale, qui souhaite protéger sa population contre le risque de change et limiter le taux d’intérêt des crédits consenti à celle-ci. En Haïti, les projets sont traditionnellement financés en dollars. La gourde s’est dépréciée de façon soutenue depuis 2014, à un rythme annuel moyen de presque 15 % par an. Leur taux de défaut étant particulièrement élevé du fait des années de dépréciations fortes, des institutions de microfinance (IMF) ont augmenté leurs taux de prêt, qui peuvent aller jusqu’à 60 %. Ces taux d’intérêts annuels vertigineux tiennent compte aussi des particularités qu’il y a à opérer dans les régions rurales de l’île (pas d’infrastructure routière pour atteindre les clients et collecter les prêts, problèmes de sureté dans les filiales, coût de financement élevé des IMF, etc.). En offrant des outils pour se financer en gourde, TCX permet in fine aux IMF de stabiliser le taux de défaut de leurs clients et à terme, de faire des profits qui leur permettront de normaliser le taux d’intérêt qu’elles pratiquent. Une baisse des taux appliqués aux clients est envisageable si les IMF arrivent à s’appuyer sur une base de coûts opérationnels qui n’est plus augmentée de provisions servant à couvrir une quantité importante de clients en défauts de paiement. Ces mauvaises créances auraient d’ailleurs pu être fortement réduites en se finançant en gourde, ce qui aurait permis de proposer aux clients finaux des prêts libellés en devise locale, favorisant ainsi l’investissement productif, générateur de richesse.

Les dérivés de changes proposés par un nombre croissant d’institutions financières – dont TCX – rendent possible l’existence de services aux entrepreneurs en devise locale. Il s’agit, en fin de compte, de permettre aux économies les plus fragilisées de sortir de l’impasse et du piège de la « dollarisation » en protégeant les entrepreneurs contre le risque de dépréciation qui contribue à l’instabilité macro-économique d’un pays. D’une façon générale, la répartition du risque de change est, pour chaque pays émergent, une étape clef pour renforcer la capacité d’absorption et de résistance aux crises. Que ce risque soit partagé entre les banques locales est déjà remarquable pour la stabilité de ces économies ; que le risque de change soit transféré sur le bilan d’acteurs complètement externes à ces pays est une étape supplémentaire qui permet de pérenniser les flux de capitaux étrangers en devise locale qui ne peuvent être satisfaits, dans l’immédiat, par le marché local. Les pays les plus pauvres de la planète ont des besoins de financement qui ne peuvent pas être satisfaits uniquement par des fonds publics locaux. Il devient urgent de développer des outils comme ceux que propose TCX pour maximiser l’impact de l’investissement et ainsi répondre aux besoins des pays émergents dans les secteurs de l’entrepreneuriat, la santé, de l’énergie, de l’eau, des infrastructures et de l’éducation.

 

¹ LIFT est un fonds d’affectation spéciale multidonateurs qui cherche à améliorer la vie des populations rurales en Birmanie.

Jérôme Pirouz

Senior vice-président
TCX

Parcours

Senior vice-président chez TCX, Jérôme Pirouz est responsable de l’origination et de la structuration des transactions, ainsi que de toute l’ingénierie produits du fonds. Avant cela, il a occupé des fonctions de gérant obligataire senior et a aussi été trader — pour la banque UBS à Londres et pour le compte de Fortis Bank à Bruxelles. Il est titulaire d’un diplôme en administration des entreprises d’HEC Bruxelles et d’un Master de l’ICMA Centre.

TCX

Le Currency Exchange Fund (TCX) est un fonds spécialisé qui propose des instruments dérivés négociés de gré à gré pour couvrir les risques de change et de taux d’intérêt qui affectent les investisseurs internationaux et les emprunteurs locaux sur les marchés émergents. Il s’agit de promouvoir le financement en monnaie locale à long terme, en contribuant à une réduction des risques de marché liés aux asymétries de change. TCX intervient donc sur des devises et des maturités habituellement peu couvertes.