Dans de nombreux pays en développement, les entreprises privées sont des moteurs importants de l’emploi, de la formation, de la création de valeur et des revenus locaux. Pendant la pandémie, leurs efforts ont permis d’atténuer les impacts économiques et sociaux de la crise. Certaines entreprises ont même réussi à en tirer parti et à en sortir renforcées. Selon une récente étude, les quelque 700 entreprises financées par DEG emploient 2,8 millions de personnes etont généré en 2021 des revenus locaux supérieurs à 146 milliards d’euros. En Afrique, l’institution allemande finance environ 140 entreprises, qui emploient plus de 600 000 personnes et produisent un quart des revenus locaux. Ces chiffres témoignent de leurs bons résultats, obtenus malgré les restrictions liées à la pandémie qui ont continué d’être imposées l’année dernière à l’économie et à la société dans de nombreux pays en développement et émergents. Pourquoi ces entreprises se sont-elles, comparativement, si bien portées pendant la pandémie ? Une bonne gestion de crise repose non seulement sur la qualité du pilotage et de la gouvernance d’entreprise, mais aussi sur des ressources solides, par exemple dans le domaine de l’innovation technologique et de la transformation numérique. Un accès rapide au financement a également joué un rôle important. Les entreprises disposant de ces compétences et de ces ressources ont eu la souplesse nécessaire pour s’adapter aux défis en constante évolution de la Covid-19. Toutefois, la pandémie a constitué un défi majeur pour les entreprises, par exemple pour celles qui sont bien implantées et qui opèrent dans des secteurs particulièrement concernés.
FORT SOUTIEN FINANCIER AUX ENTREPRISES INNOVANTES
La crise consécutive à la Covid-19 a touché les pays et les entreprises d’Afrique à des degrés très variés. Dans les pays qui dépendent du tourisme, les restrictions mondiales sur les voyages ont entraîné des ralentissements importants, les chaînes d’approvisionnement étant interrompues et les marchés de vente inaccessibles. DEG a soutenu les entreprises en Afrique par des mesures spéciales de lutte contre la pandémie, en veillant par exemple à ce qu’elles disposent de liquidités. L’entreprise de mode ghanéenne DTRT Apparel (Do the Right Thing), fondée en 2013, a pu continuer à payer son loyer et ses frais d’entretien grâce à l’apport rapide d’argent frais par le biais du programme AfricaConnect. À cause de la pandémie, DTRT Apparel – qui emploie 2 600 personnes à Accra (dont 65 % de femmes) – a dû interrompre sa production pendant plusieurs semaines en 2020. Grâce à cet apport de liquidités, l’entreprise a pu conserver tous les emplois, malgré la baisse de ses ventes et l’arrêt de la production. De plus, DTRT Apparel a utilisé une partie de ce financement pour produire des masques de protection pour le marché local. Plusieurs signes positifs ont par ailleurs été observés pendant la pandémie. Les produits et services numériques ont été développés à plus grande échelle, notamment dans le secteur de la santé et du commerce électronique. Les entreprises ont profité de la demande croissante de biens de consommation de la part d’une classe moyenne en pleine expansion pour étendre les chaînes d’approvisionnement locales et raccourcir les itinéraires de livraison. Cela a permis de créer plus de valeur sur place et d’augmenter les revenus locaux.
En finançant et en soutenant des entreprises innovantes engagées dans le développement de nouvelles technologies, et en particulier en facilitant la connectivité numérique, DEG a contribué aux efforts de modernisation dans ces domaines. Ce faisant, elle a également couvert un besoin induit par la pandémie. Au cours des quinze dernières années, ces secteurs ont été les moteurs du développement en Afrique. Certains pays du continent ont associé le développement des infrastructures à des investissements en amont, non seulement dans le secteur de l’énergie mais aussi dans les réseaux à haut débit et les télécommunications. De 2018 à 2020, les investissements directs étrangers (IDE) dans le secteur des TIC en Afrique sont passés d’environ 4 milliards de dollars à près de 9 milliards de dollars, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
LA FINTECH, LES SERVICES DE SANTÉ ET LE COMMERCE EN LIGNE EN PLEIN BOOM
Les entreprises de la fintech, par exemple, en profitent aujourd’hui. Les services financiers en ligne sont très demandés dans les pays émergents et en développement, car seule une petite partie de la population y dispose d’un compte bancaire traditionnel ou d’un autre accès aux services bancaires. Les technologies numériques sont utilisées depuis plus de dix ans pour créer de nouveaux modèles bancaires, lesquels permettent par exemple d’effectuer des opérations via des téléphones mobiles (services dits de mobile money).
Les services financiers numériques ont notamment connu une demande accrue pendant la pandémie, lorsqu’ils ont été utilisés pour développer le commerce en ligne. En 2020, la plateforme Copia, cliente de DEG au Kenya, a par exemple étendu son offre à des services de fintech intégrés, tels que des prêts d’exploitation pour les intermédiaires (voir l’encadré ci-dessus). D’autres produits financiers pour les services de crédit permettent aux utilisateurs d’effectuer toutes les étapes du processus de prêt depuis des applications mobiles, de la recherche d’un financement à son approbation en passant par le remboursement des montants dus. DEG accompagne des entreprises de la fintech s’adressant à des entrepreneurs qui n’avaient jusqu’alors pas accès aux services financiers ou qui dépendaient de prêteurs pratiquant souvent des taux d’intérêt très élevés. Les services de santé numériques permettent pour leur part d'améliorer l’offre de soins en Afrique, notamment en période de pandémie. Ils ont ainsi contribué à fournir très rapidement des informations aux patients potentiellement infectés par le coronavirus. Ceci s’avère particulièrement important dans les pays en développement, qui disposent de très peu de lits de soins intensifs. Penda Health, l’un des plus grands prestataires de soins de santé privés du Kenya, tire ainsi parti de sa forte présence sur les réseaux sociaux. L’entreprise utilise différents canaux pour faire connaître ses centres d’appels, qui sont disponibles pour répondre à toutes les questions sur le coronavirus et diffuser les mesures préventives. L’objectif est de toucher le plus grand nombre de personnes possible et de mieux gérer le nombre de patients dans les centres de soins médicaux. Un autre domaine d’activité du numérique consiste à fournir des biens de consommation aux particuliers dans les campagnes. Les systèmes digitaux de commande et de transport dans les domaines du commerce et de la logistique peuvent ainsi être utilisés par les détaillants pour réduire les coûts de distribution, mais aussi par les agriculteurs et autres producteurs pour élargir leurs marchés de vente. Les boutiques électroniques régionales fournissent leurs produits à leurs clients finaux par le biais de kiosques établis, résolvant ainsi le problème du « dernier kilomètre », même dans les régions rurales dépourvues de services postaux traditionnels. La pandémie a montré à quel point le commerce numérique est important aujourd’hui. Par exemple, l’entreprise kenyane Copia a réussi à augmenter considérablement son chiffre d'affaires pendant cette période. Ces exemples tirés des secteurs de la fintech, de la santé et du commerce en ligne montrent que des ressources financières solides, l’innovation technologique et la capacité d’adaptation ont joué un rôle considérable pour relever les défis posés par la pandémie. Les entreprises bien positionnées dans ces domaines ont réussi à garder la tête hors de l’eau pendant les périodes difficiles et, dans certains cas, à en sortir plus fortes qu’avant. Continuer à développer ces industries nécessitera des programmes de formation professionnelle, un financement à long terme et surtout des services de conseil exhaustifs pour accompagner ce processus délicat de transformation.