Il est urgent de s’adapter au changement climatique en cours, pour protéger la santé et le bien-être des populations, pour éviter les impacts économiques les plus négatifs, mais aussi pour préserver les écosystèmes naturels. L’action des villes en matière d’adaptation et de résilience est essentielle ; elle peut permettre aux communautés de continuer à vivre dans de bonnes conditions malgré la crise climatique.
Des solutions d'adaptation à fort impact pour budgets citadins contraints
Partout dans le monde, des villes prennent des mesures pour s’adapter au changement climatique. Beaucoup sont confrontées, dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires, à des contraintes budgétaires et à l’arbitrage de priorités contradictoires, mais aussi au choix des décideurs d’investir plutôt dans des mesures de court terme. Dans ce contexte, il est important de guider ces derniers vers les mesures d’adaptation, en prenant pleinement en compte le rapport coût-efficacité. Selon une étude conduite par C40 Cities et McKinsey en 2021, les meilleures solutions en la matière sont celles « fondées sur la nature » (nature-based solutions ou NBS) et sur le renforcement des résiliences systémiques dans la planification et les systèmes urbains. Ces solutions tirent en effet parti de la capacité naturelle des écosystèmes à réduire les risques climatiques : les mangroves jouent un rôle déterminant dans la protection des littoraux côtiers, la plantation d’arbres limite la chaleur, etc. La mise en œuvre de ces solutions présente une bonne efficacité de coût et favorise la résilience climatique, tout en assurant d’autres services – dont l’amélioration de la qualité de l’air et de l’eau, la séquestration du carbone, la création d’emplois verts. Les NBS peuvent être intégrées aux infrastructures conventionnelles dites « grises » (issues de l’ingénierie traditionnelle), et sont souvent moins coûteuses.
Les villes doivent renforcer leur résilience systémique en prenant conscience et en connaissant bien les risques climatiques auxquels elles sont exposées et en programmant leur réduction dans leur planification et leurs modes de fonctionnement. L’adaptation doit être intégrée dans la planification de l’expansion urbaine et dans la conception des infrastructures ; en outre, il faut améliorer les normes de construction, mettre en place des mécanismes efficaces d’intervention d’urgence (avec notamment des systèmes d’alerte précoce dans les zones à haut risque) et intégrer l’adaptation aux programmes de financement et d’assurance. L’expérience montre que, dans les villes où elle a été mise en œuvre, cette approche s’avère peu coûteuse et protège la vie des populations. C’est le cas par exemple à Rio de Janeiro, avec la mise en place de systèmes d’alerte au sein de communautés à faibles revenus vivant dans des zones exposées aux inondations et aux glissements de terrain. La ville d’Ahmedabad, en Inde, a développé des programmes publics de sensibilisation et d’information, et la mise en place de systèmes d’alerte précoce auprès des plus pauvres, pour augmenter la résilience urbaine aux chaleurs extrêmes.
Financer le développement et favoriser la résilience urbaine
Les efforts déployés par les villes en développement pour faire progresser l’adaptation sont notables. Toutefois, le financement destiné aux projets d’adaptation reste, pour certaines, difficile à obtenir et demeure faible si on le compare aux programmes d’atténuation. Les acteurs internationaux de financement du développement peuvent aider les villes à surmonter ces freins, en apportant aux municipalités, dès la phase initiale des projets d’adaptation, un soutien financier direct. L’initiative Gap Fund, lancée par la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement, est un exemple de cette bonne pratique. Il est essentiel en effet d’éviter que les projets échouent en phase de démarrage et de constituer un ensemble de projets susceptibles d’attirer l’investissement privé. Les projets présentant une approche NBS innovante doivent en outre être soutenus par des dispositifs de réduction du risque. Les institutions de financement du développement (IFD) et la communauté des bailleurs peuvent ainsi accorder de petites subventions spécifiques pour aider à la mise en œuvre de projets pilotes, afin de disposer d’expériences probantes leur permettant ensuite de monter en puissance.
Enfin, le manque de données et le défaut d’évaluation des risques, ainsi que le déficit d’expériences de terrain, restent des obstacles majeurs à la sensibilisation au risque et à l’adhésion des décideurs politiques. Les réseaux de villes comme C40 Cities, ICLEI ou la Convention mondiale de maires ont démontré que les collaborations à l’échelle locale sont déterminantes pour mettre en place une action climatique plus ambitieuse. Les IFD et les bailleurs peuvent s’associer avec ces réseaux de villes et les épauler dans le renforcement de leurs capacités techniques et de l’engagement politique au niveau local. Malgré le défi que constitue le changement climatique, les villes de pays à revenus faibles et intermédiaires ont aujourd’hui la possibilité de développer leur résilience pour devenir plus saines, plus vertes et plus sûres, tout en renforçant l’inclusion sociale. Ces villes ont besoin pour cela qu’on les aide à surmonter les freins à l’investissement dans les projets d’adaptation. De ce point de vue, les acteurs internationaux du financement du développement ont un rôle essentiel à jouer pour créer les conditions et encourager l’engagement du secteur privé en faveur des projets d’adaptation.