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photo paysage de la ville Addis Abeba
Le financement du développement est inégalement réparti en Afrique, 25 des plus petites économies du continent ont reçu seulement 4 % des investissements depuis 2010. L’initiative Africa Resilience Investment Accelerator (ARIA) montre pourtant qu’avec une approche ciblée, des ressources et une collaboration renforcée, il est possible d’accroître les investissements sur ces marchés dits « frontières », en relevant à la fois les défis internes (propres aux institutions financières de développement) et externes (propres aux pays).

L'Africa Resilience Investment Accelerator (ARIA), actuellement actif au Sierra Leone, au Libéria, au Bénin, en RDC et en Éthiopie, a été mis en place par le British International Investment (BII) et la Société néerlandaise de financement du développement (FMO). Cet accélérateur vise à débloquer l’investissement
sur « les marchés frontières » (les marchés les plus fragiles d’Afrique), en assurant une présence sur place, un soutien à l’origination, des services d’accompagnement technique, et la promotion d’une collaboration renforcée entre les institutions financières de développement (IFD) et leurs partenaires.

LES MARCHÉS FRONTIÈRES D’AFRIQUE, INSUFFISAMMENT DESSERVIS PAR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

La répartition du financement pour le développement est inégale en Afrique, et beaucoup de marchés frontières sont laissés pour compte. Une analyse conduite par ARIA sur 4 000 investissements non souverains, réalisés depuis 2010 par neuf des principales IFD, a ainsi montré que 46 % des 72,3 milliards de dollars investis sont allés aux trois pays africains ayant les économies les plus importantes (Afrique du Sud, Nigéria, Kenya). À l’inverse, les 25 pays les plus pauvres n’ont reçu que 4 % de ces montants investis.

ARIA a constitué une base de données de plus de 400 opportunités d’investissement susceptibles d’intéresser les IFD sur leurs marchés prioritaires, ce qui permet d’analyser la demande d’investissement. Les besoins des entreprises évalués par ARIA s’élèvent à plus de 2 milliards de dollars, sous forme de dette ou d’une combinaison de dette et de capitaux propres. Les opportunités d’investissement se concentrent dans les services financiers, l’agriculture, l’industrie manufacturière et l’énergie. Les entreprises se montrent en général flexibles et accepteraient même des prêts en devises étrangères – mais celles dont les revenus sont en monnaie locale se trouveraient alors exposées au risque de dévaluation, qu’un financement en monnaie locale permet de faire disparaître. En outre, l’essentiel des opportunités se situe dans une fourchette de 5 à 50 millions de dollars. Enfin, les entreprises ont souvent besoin d’accompagnement technique – dans les domaines « environnementaux et sociaux » (E&S), la gouvernance, la stratégie, la préparation au marché, les conseils financiers et juridiques et l’expertise technique – pour se préparer à l’investissement et remplir les critères des IFD.

DÉFIS À RELEVER POUR ATTIRER L’INVESTISSEMENT DES IFD

Une récente étude de l’ARIA, conduite auprès de 40 membres du personnel d’IFD, a documenté plusieurs obstacles externes (propres aux pays) à l’investissement des IFD sur ces marchés frontières. Le principal d’entre eux est le risque de change, lié au contexte de plus forte instabilité macro-économique qui caractérise souvent ces pays, rendant l’engagement plus délicat pour les investisseurs internationaux désireux de rapatrier leurs bénéfices. La plupart des personnes interrogées ont également identifié comme des obstacles l’instabilité politique et l’insécurité, le manque d’infrastructures physiques adaptées, les faiblesses de l’environnement réglementaire et de la conformité (avec pour résultat un manque de fiabilité de la gouvernance d’entreprise et de l’information financière).

Si les IFD n’ont pas la maîtrise des barrières externes à leurs investissements sur les marchés frontières, elles sont aussi limitées par un certain nombre de freins internes. Leurs capacités et leurs ressources sont limitées pour investir dans l’identification des opportunités de développement, les instruments peuvent être inadaptés à l’investissement des IFD dans les opportunités déjà identifiées (exigences de tarifications trop élevées ou défaut d’accès aux financements concessionnels, par exemple). Enfin, l’orientation stratégique vers ces marchés frontières n’est pas toujours une évidence et il peut exister en interne des conflits de priorité. Certaines des personnes interrogées notent également qu’en dépit d’un intérêt global pour accroître l’investissement sur les marchés frontières, les exigences croissantes en matière d’E&S, en termes d’information sur les clients (KYC), de conformité et de rendements financiers ont un effet de plus en plus restrictif.

UNE COLLABORATION CRUCIALE

ARIA a été constituée comme une initiative intégrée au sein de BII et du FMO ; elle travaille avec d’autres IFD (parmi lesquelles Proparco, Swedfund, Norfund, la International Development Finance Corporation et la Société financière internationale) au déblocage d’investissements plus importants sur les marchés frontières. Cruciale, la collaboration en matière de connaissance du marché, d’opportunités et de travail en amont permet de préparer les entreprises à l’investissement et, le cas échéant, de réduire les coûts de transaction, tandis que le co-investissement contribue à réduire les risques.

ARIA a aussi mis en place des partenariats avec des acteurs du développement engagés localement, comme par exemple avec Invest Salon, une initiative financée par UKAid en Sierra Leone. Ces deux dernières années, ARIA a permis que 10 projets soient étudiés par plusieurs IFD, et l’un d’entre eux a été approuvé par Proparco. L’accélérateur a également fourni un accompagnement technique à 18 entreprises, et d’autres vont suivre. ARIA travaille aussi sur des initiatives au niveau écosystémique, pour s’attaquer aux obstacles transversaux de l’investissement.

Le travail mené par ARIA montre qu’il est possible d’obtenir davantage d’investissement si les IFD sont en mesure de collaborer entre elles et avec les acteurs du développement, de lever les obstacles internes pour mieux desservir ces marchés, d’accorder plus d’attention aux outils et aux processus, et de les adapter tout en développant l’accompagnement technique.

 

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ARIA (Africa Resilience Investment Accelerator)

ARIA (Africa Resilience Investment Accelerator, c’est-à-dire « Accélérateur d’investissement pour la résilience de l’Afrique ») est une initiative conjointe de BII et du FMO, visant à débloquer davantage d’investissement sur les marchés frontières d’Afrique, en mettant l’accent, dans un premier temps, sur la Sierra Leone, le Libéria, la RDC et l’Éthiopie. ARIA collabore avec un certain nombre d’autres institutions financières de développement (IFD), parmi lesquelles Proparco, Swedfund, Nordfund, la DFC et l’IFC.

 
Vivianne Infante - BII

Vivianne Infante

Directrice Coverage et co-directrice de l’initiative ARIA
British International Investment

Parcours

Vivianne Infante est directrice de l’équipe Coverage au sein de British International Investment (BII), où elle codirige l’initiative ARIA. Elle est également responsable pays pour l’Éthiopie et pour la RDC. Ses responsabilités en matière de couverture des investissements comprennent l’origination detransactions, l’appui à la gestion de portefeuilles ainsi que des fonctions de représentation. Précédemment, elle a travaillé au cabinet d’avocats White & Case à Londres, en tant que juriste spécialisée dans le financement de projets et l’arbitrage international et a aussi été conseillère pour le Fonds souverain nigérian.

Alex Kucharski - BII

Alex Kucharski

Manager et co-directeur de l’initiative ARIA
British International Investment

Parcours

Alex Kucharski est manager à British International Investment (BII). Partageant ses responsabilitésentre l’accompagnement technique et les institutions financières, il codirige également l’ARIA. Chez BII, il a mis en place le portefeuille d’accompagnement technique des pays, avec pour objectif de débloquer l’investissement sur les marchés frontières, notamment au Myanmar (aujourd’hui fermé), au Népal et au Ghana. Avant de rejoindre BII, Alex Kucharski a vécu en Sierra Leone, au Libéria, au Ghana et dans le nord du Nigéria, travaillant dans des programmes de développement du secteur privé.
 

British International Investment

British International Investment (BII, anciennement CDC Group) est l’institution de financement du développement du Royaume-Uni. Sa mission est de contribuer à relever les plus grands défis mondiaux en matière de développement via l’investissement d’un capital flexible et de long terme destiné à soutenir la croissance et l’innovation du secteur privé. Depuis plus de soixante-dix ans, l’organisation apporte un soutien efficace à la croissance durable et pérenne des entreprises en Asie et en Afrique. Plus récemment, elle a étendu ses activités d’investissements à l’espace indopacifique et à la zone Caraïbe. BII occupe une place centrale dans l’offre de financements internationaux du Royaume-Uni, afin d’aider les pays émergents et en développement à satisfaire leurs importants besoins de financement, au niveau des entreprises comme en matière d’infrastructures.