Partout, y compris dans les pays qui ont mis en place un service de couverture de santé universelle, il existe une offre privée de soins, indispensable et souvent majoritaire, qui préexiste, la plupart du temps, à la couverture de santé1, et s’inscrit en complémentarité de l’offre publique de soins.
Soutenir le développement d’une offre de soins privée et de qualité est indispensable et ne doit pas être confondu avec la régulation du secteur de la santé et la prise en charge financière collective de la demande de soins, qui devraient être, elles, gérées par la puissance publique, dans une logique assurantielle ou de prévoyance collective.
De manière générale, comme le décrit la littérature scientifique et comme nous le constatons dans nos pays d’intervention, c’est l’absence de régulation forte dans le domaine de la santé, qui est à l’origine des abus pointés dans le rapport, qui se produisent malheureusement autant dans le secteur hospitalier public que privé.
C’est la raison pour laquelle, dans ses pays d’intervention, le Groupe AFD soutient le secteur de la santé de façon globale et complémentaire en agissant sur les 2 volets – public et privé :
- Les investissements santé de l’AFD (secteur public) sont largement majoritaires (entre 400 et 600 M$ / an), et viennent soutenir la gouvernance du secteur (régulation, renforcement des capacités), les politiques de financement des soins, ainsi que le développement de l’offre publique, à tous les niveaux de la pyramide sanitaire.
- Les investissements santé de Proparco (secteur privé) varient suivant les années (entre 50 et 100 M$ / an) ; ils ont vocation à développer une offre complémentaire privée et de qualité. À noter que nos interventions en santé concernent aussi la production et distribution de médicaments et de produits pharmaceutiques dans un objectif de développer une production locale de qualité.
Sur le terrain, le Groupe AFD (l’Agence française de développement, avec ses filiales Proparco et Expertise France) veille à la complémentarité de ses interventions en soutien aux systèmes de santé. Sachant que le financement du secteur privé ne se substitue pas au financement accordé au secteur public, puisque les ressources et les outils sont différents.
Proparco reste convaincu de la nécessité et de la valeur ajoutée apportée par l’investissement privé dans la santé. Le secteur privé apporte un effet d’entrainement sur l’innovation et la qualité de l’offre de soins dans un pays. Il génère également des débouchés locaux pour les populations locales, en termes d’emplois. Plus généralement, l’intervention du secteur privé dans le domaine de la santé contribue à développer tout l’écosystème sectoriel, et le renforcer à travers différents leviers :
- Producteurs locaux et distributeurs de produits pharmaceutiques renforcent la souveraineté en santé des pays et contribuent à une meilleure qualité des intrants (lutte contre les faux médicaments).
- Le développement de l’écosystème de l’offre de soins permet de compléter la disponibilité des paniers de soins.
- Le secteur privé est source d’innovation technique et technologique (healthtech / medtech).
Nous partageons l’émotion que peuvent susciter les dérives inacceptables relevées dans ce rapport. Nous allons, avec nos partenaires DFI, procéder aux vérifications auprès des gestionnaires de fonds concernés. Nous rappelons par ailleurs que nous disposons d’un dispositif de saisine directe en cas de plainte.
Nous restons cependant convaincus qu’un secteur privé de qualité a toute sa place dans les systèmes de santé des pays et qu’il est indispensable de l’accompagner dans son développement, tout comme il est indispensable d’investir fortement auprès des structures publiques pour renforcer leur capacité de régulation et de mise en place de politiques de financements des soins pour toute la population.
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1. Dans les pays de l’OCDE, les médecins de ville et cliniques coexistent aux côtés des hôpitaux. En Afrique où 50 % de l’offre de soin est privée.