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Karma, Soudan, Afrique
En collaboration avec des agences de développement et avec le secteur privé, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) met en place des solutions innovantes de partenariat et de financement, à la charnière entre humanitaire, développement et paix (nexus HDP) – dans des contextes fragiles et touchés par les conflits.

QUEL EST LE RÔLE DU CICR DANS LES CONTEXTES FRAGILES, ET QUELLE EST LA VALEUR AJOUTÉE DES PARTENARIATS MIS EN PLACE AVEC DES ACTEURS TELS QUE L’AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT ?

Le mandat du CICR est de fournir protection et assistance aux personnes et communautés affectées par les conflits. Sa neutralité, son impartialité et son indépendance lui permettent d’accéder aux zones touchées. Dans le cas de crises multiples, la collaboration entre le CICR et des acteurs du développement comme l’AFD, se fonde sur leur complémentarité. Le CICR vise à renforcer la résilience des populations, à soutenir les autorités locales dans des situations de crise et à assurer un impact durable de son action. Dans l’approche « humanitaire-développement-paix » (HDP), le partenariat entre le CICR et l’AFD rend possible des « stratégies de sortie responsables » en contexte humanitaire (conception, financement, mise en œuvre). Il permet aussi aux parties prenantes de rester engagées lorsqu’une situation se dégrade. Dans cette articulation « HDP », le CICR et l’AFD ont développé des approches novatrices pour l’accès à l’eau, à la santé et aux opportunités économiques, notamment en Irak, au Liban et au Mozambique.

 

COMMENT ÉVALUEZ-VOUS LE SECTEUR PRIVÉ LOCAL DANS LES ZONES OÙ INTERVIENT LE CICR ?

Les besoins varient beaucoup d’un pays en guerre à l’autre, mais on constate partout la même constante : le secteur privé et les acteurs locaux présentent une bien meilleure réactivité que n’importe quelle organisation internationale. Il est vrai cependant que les plus vulnérables sont souvent exclus de toute participation productive aux marchés locaux. La prise en compte de ces deux réalités est au cœur de la manière dont le CICR conduit son action, afin d’accroître la capacité des individus à générer des revenus pour leurs familles. En outre, s’agissant de la sécurité économique des populations affectées, le CICR adopte une double approche : au niveau des ménages, en aidant les familles vulnérables à (re)démarrer une activité génératrice de revenus, et au niveau systémique, en travaillant à améliorer le fonctionnement des marchés locaux et leur accessibilité. Les deux démarches se fondent sur une analyse et des connaissances approfondies du marché local, et reposent sur une interaction cohérente avec le secteur privé. Le CICR évite ainsi tout effet néfaste en atténuant les risques de distorsion du marché, mais valorise aussi l’avantage comparatif du secteur privé local pour démultiplier les effets positifs sur la communauté. Par exemple, au niveau des ménages, le CICR cible les plus vulnérables dans l’attribution de subventions pour la création de petites entreprises ou la formation professionnelle, contribuant ainsi à combler le déficit de compétences des entreprises locales. Mais il faut agir aussi au niveau des systèmes : quand des installations de stockage ont été détruites pas un conflit, par exemple, cela vient perturber les chaînes de valeur agricoles et contraindre les petits exploitants à vendre leur production au moment de la récolte, d’où une baisse des prix. En investissant pour rétablir les infrastructures de la chaîne du froid, le CICR aide les producteurs à élargir leur accès aux marchés,et à augmenter leurs revenus.

 

COMMENT LE CICR COLLABORE-T-IL AVEC LE SECTEUR PRIVÉ, ET QUELS SONT SES OBJECTIFS ?

L’action humanitaire moderne – celle des Conventions de Genève, du droit humanitaire international, du CICR et, plus largement, du Mouvement international Croix-Rouge/Croissant Rouge – est née en juin 1859 lorsqu’un homme d’affaires suisse, Henry Dunant, s’est retrouvé à devoir traverser le champ de bataille de Solferino au lendemain des combats. Là, des milliers de soldats italiens, autrichiens et français jonchaient la campagne lombarde, morts, mourants ou blessés, et privés de soins. De retour à Genève, Dunant écrivit Un souvenir de Solferino. Les milieux d’affaires genevois lui apportèrent leur soutien, et le secteur privé n’a dès lors plus cessé de jouer un rôle clé dans l’organisation. Le secteur privé est une source vitale de financement pour le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Au-delà de la mobilisation des ressources, le CICR et ses partenaires au sein du Mouvement impliquent aussi le secteur privé pour la passation de marchés, pour des approches collaboratives, et dans le cadre du dialogue humanitaire. L’objectif est d’assurer un impact humanitaire, toujours dans le respect des principes de neutralité, d’impartialité et d’indépendance qui sont ceux du Mouvement.

 

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Le partenariat « nexus HDP » en action

Le CICR et le groupe AFD sont partenaires depuis 2014. Cette collaboration est essentielle dans les contextes de crises complexes et les situations de fragilité. Ce partenariat a facilité l’adoption de plusieurs projets dans les domaines de l’eau et de l’assainissement, de la santé et des systèmes agro-alimentaires. Il a conduit en 2023 à un engagement de Proparco plus actif auprès du CICR, témoignage de l’ambition et de la volonté des deux groupes d’innover à la charnière entre l’humanitaire, le développement et la paix (nexus HDP). L’objectif est d’ancrer les actions du secteur privé dans les contextes fragiles par des projets favorisant la résilience des populations en situation de conflits.

À compter de 2024, Proparco et le CICR cherchent à coopérer sur un certain nombre d’initiatives opérationnelles pilotes, principalement en matière de sécurité financière et économique, et d’accès aux services essentiels. Les premières étapes de cette collaboration consistent à travailler sur l’accès au financement des populations déplacées de force et sur l’optimisation des programmes de transfert monétaire, mais elles visent aussi à bâtir des stratégies de sortie des programmes du CICR pour les PME touchées par les crises, et à partager les expériences respectives des deux organisations dans les secteurs de l’eau, de l’assainissement, de l’hygiène (WASH) et de l’énergie.

 

 

 

FACE À L’ALLONGEMENT DES CRISES ET DES CONFLITS, QUEL RÔLE LE SECTEUR PRIVÉ PEUT-IL JOUER POUR COMPLÉTER L’ACTION DES ORGANISATIONS HUMANITAIRES ?

L’écosystème dans son ensemble s’efforce incontestablement de faire en sorte que les acteurs du secteur public et du secteur privé – hors agences humanitaires – multiplient leurs investissements pour faire face aux situations de fragilité. Avec d’autres partenaires du Mouvement, le CICR explore des approches innovantes de financement. Cela concerne notamment les obligations à impact humanitaire (HIB) ou encore l’assurance DREF (pilotée par la Fédération internationale de la Croix-Rouge, FICR). On remarque que les partenariats intersectoriels (agences humanitaires, partenaires du Mouvement, institutions de développement, entreprises, investisseurs et gouvernements d’accueil), activés par des approches novatrices du financement, parviennent à atténuer certains risques spécifiques des projets. De plus, ils permettent de catalyser le déploiement de capitaux publics et privés, et de trouver des solutions fondées sur le marché, au profit des populations et communautés d’environnements fragiles. Nous souhaitons aussi explorer, avec le soutien de Proparco, le lien entre les transferts monétaires fournis par le CICR et ses partenaires (comme la FICR ou la Croix-Rouge britannique) et l’accès de long terme à des services financiers inclusifs. Cela pourrait être un pont supplémentaire entre aide humanitaire et développement, amenant une meilleure résilience des populations et une moindre dépendance vis-à-vis de l’aide.

 

QUELLES SONT LES CONDITIONS POUR QUE LE SECTEUR PRIVÉ PUISSE SOUTENIR LA DYNAMIQUE DE RÉSILIENCE ? À L’INVERSE, DANS QUELS CAS PEUT-IL ÊTRE UN FACTEUR DE DÉSTABILISATION ?

Imaginons le cas théorique d’une société minière – appelons-la ExtractCo – opérant dans un contexte fragile et de conflit. ExtractCo reçoit, de la part du gouvernement hôte, une licence légale d’exploitation du sous-sol et d’extraction du minerai, sans grande considération pour les normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Très vite, les activités d’ExtractCo et les mesures de sécurité mises en place contribuent à exacerber les tensions avec les communautés riveraines du site, alimentant davantage de violence et d’instabilité. Pour empêcher l’émergence d’une ExtractCo de plus, il faudrait que les entreprises privées opérant en contexte fragile soient contraintes de mettre en place des processus renforcés de due diligence en matière de droits humains (HRDD). Cette approche permet l’identification, l’analyse, l’atténuation et, dans la mesure du possible, la prévention des impacts négatifs. Ici, la « sensibilité aux conflits » implique que les stratégies commerciales et que les opérations respectent la règle du « ne pas nuire », avec une contribution positive maximale à la paix et à la stabilité. Les entreprises adhérant à des standards élevés de conduite responsable sont mieux informées sur leur environnement opérationnel et sur l’impact potentiel de leurs actions. De ce fait, elles sont aussi mieux équipées pour renforcer la résilience aux crises et aux conflits, pour elles-mêmes comme pour les communautés concernées. Cette approche proactive peut donc faire de l’entreprise un véritable artisan de la paix.

 

CERTAINS CONTEXTES GÉOGRAPHIQUES, CULTURELS OU SOCIÉTAUX SONT-ILS PLUS PROPICES À UNE COOPÉRATION ENTRE ACTEURS HUMANITAIRES ET SECTEUR PRIVÉ ?

Une collaboration réussie tient d’abord à l’état d’esprit des parties et à l’identification de buts et d’objectifs communs – qu’il s’agisse de résilience, de soutien aux communautés ou de développement durable. Cette vision partagée permet la mise en commun des ressources, de l’expertise et des réseaux pour atteindre collectivement le but fixé. Certains contextes peuvent en outre se prêter mieux que d’autres à la coopération. Ainsi, la présence de PME dans une région incite à collaborer, car elle permet de s’appuyer sur l’expertise et les réseaux locaux pour renforcer l’impact de l’aide et la résilience économique. Si la majorité des entreprises de commerce équitable sont situées dans les pays du Sud, ce n’est pas une coïncidence : elles représentent une réponse aux besoins de la communauté, défendant des pratiques commerciales responsables et un développement plus durable.

 

COMMENT DES INITIATIVES INTERNATIONALES TELLES QUE LA HRI PEUVENT-ELLES FAIRE CONVERGER LES OBJECTIFS DU SECTEUR PRIVÉ ET CEUX DES ORGANISATIONS HUMANITAIRES ?

Des initiatives comme celle du Forum économique mondial, Humanitarian and Resilience Investing (HRI), contribuent à relier entre eux des écosystèmes fragmentés pour accélérer les capitaux publics et privés et renforcer la résilience des communautés les plus vulnérables. La HRI prépare les organisations humanitaires, les donateurs, les institutions financières de développement (IFD), les investisseurs, les fondations et les entreprises à mieux interagir et collaborer – au moyen d’outils (tels que le Organisational Readiness playbook) ou de temps de rencontre, comme la réunion internationale Unpack Humanitarian-DFI partnerships organisée sur le thème des partenariats entre humanitaires et IFD. Plus récemment, l’Initiative a lancé un « Appel à l’action » destiné à faire converger les efforts de ces organisations pour mobiliser 10 milliards de dollars sous forme de capital commercial et d’amorçage, pour permettre à 1 000 entreprises de se développer sur des marchés pionniers (frontier markets) d’ici 2030. Cet appel a reçu plus de 40 engagements de la part de diverses organisations, dont des humanitaires et des acteurs du secteur privé. Ils travailleront avec l’ensemble des partenaires pour harmoniser leurs efforts sur des marchés spécifiques, à commencer par le nord du Kenya. Enfin, l’initiative encourage des partenariats philanthropiques public-privé visant à soutenir et renforcer des projets qui s’attaquent à l’impact du changement climatique sur les communautés les plus vulnérables. Notons que Proparco et le CICR sont deux membres actifs de cette HRI.

 

POUVEZ-VOUS NOUS DONNER DES EXEMPLES DE PROJET OU DE COLLABORATION OPÉRATIONNELLE ILLUSTRANT LES LIENS ENTRE LE CICR ET LE SECTEUR PRIVÉ ?

Partout dans le monde, le CICR s’engage auprès de grandes entreprises pour mobiliser leurs avantages comparatifs et leurs savoir-faire. C’est le cas notamment de Lombard Odier, une banque privée suisse qui collabore avec le CICR depuis les années 1860. La banque a financé des opérations, ou apporté au CICR des fonds d’amorçage pour stimuler l’innovation et les financements novateurs ; elle a contribué à mettre au point la première obligation à impact humanitaire – Humanitarian Impact Bond (HIB) – dans laquelle elle a également investi. Enfin, avec le CICR, le Forum économique mondial et l’IMD Business School, la banque a conçu le cours Driving Innovative Finance for Impact. Autre exemple : dans le domaine de la santé, au Liban et en Irak, le CICR collabore avec Novo Nordisk, la Croix-Rouge danoise, la London School of Hygiene and Tropical medicine et des partenaires universitaires ou des entreprises du pays concerné afin de mieux identifier les cas de maladies non transmissibles (MNT) et d’améliorer leur prise en charge dans les situations humanitaires.

Au-delà de ces partenariats déjà existant, des projets de collaboration entre Proparco et le CICR sont à l’étude.

  • En Ukraine, le CICR accorde aux PME touchées par le conflit des subventions conditionnelles allant de 5 000 à 20 000 euros pour relancer ou augmenter leur production et créer des emplois. Ces subventions sont remboursées par les PME sous la forme de biens et de services fournis à la communauté, gratuitement ou à des prix subventionnés. Une entreprise du bâtiment peut « rembourser » la subvention reçue en réparant bénévolement des abris pour les membres vulnérables de la communauté ; une usine produisant des briquettes de chauffage remboursera sa dette en fournissant ce combustible à des prix subventionnés aux personnes âgées vulnérables.
  • En Irak, où certains villages ont été rasés, le CICR a octroyé des subventions en espèces pour permettre aux habitants de reconstruire leurs maisons. Mais pour que cela soit possible, les forgerons, charpentiers et maçons locaux – qui avaient perdu leurs outils, leurs machines et leurs ateliers – ont reçu des subventions de démarrage, afin de pouvoir bénéficier eux aussi de cette action plutôt que ces chantiers profitent aux grosses entreprises d’une grande ville située à 40 km de là. La démarche a eu un effet démultiplicateur sur l’économie locale et, en quelques mois seulement, les habitants ont pu réintégrer leurs villages, permettant à davantage de magasins et d’entreprises de rouvrir leurs portes.
  • En République démocratique du Congo, le CICR et ses partenaires, dont Lombard Odier, la DDC et la Banque mondiale, ont conçu un projet destiné à renforcer le service d’approvisionnement en eau de Goma Ouest. Grâce aux études approfondies réalisées et aux infrastructures de base sur lesquelles il s’appuie, le projet est prévu pour permettre à des opérateurs privés de développer des modèles économiques rentables et pérennes d’approvisionnement en eau.

Le CICR collabore ainsi avec le secteur privé au niveau mondial, national et local. Nous sommes convaincus que le CICR, Proparco et l’ensemble du Mouvement ont la possibilité de mettre en place des partenariats et des financements menant à des solutions fondées sur le marché au profit des populations affectées par les conflits, en situation de fragilité.

 

 

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Express Union Tchad : faciliter le lien entre les transferts monétaires et l'accès au crédit

Express Union Tchad est une institution de microfinance (IMF) tchadienne qui favorise l’accès au financement pour les femmes et les populations rurales, tout en fournissant des services de transferts monétaires (cash transfers) pour les organisations humanitaires.

Avec son réseau d’agences (37 agences présentes dans 18 des 23 régions du pays), Express Union Tchad peut atteindre plus facilement le tissu entrepreneurial, dans les territoires ruraux notamment. Elle dispose en outre des atouts nécessaires pour assurer un accès aux services financiers pour les déplacés forcés et les populations hôtes, en particulier dans l’Est du Tchad (région qui accueille plus de 800 000 réfugiés fuyant le conflit soudanais). En avril 2024, Proparco a octroyé un prêt à Express Union Tchad à hauteur d’un million d’euros afin de renforcer sa capacité à répondre aux besoins de financement des MPME et des ménages à faible revenu, favorisant ainsi la création d’emplois et l’inclusion financière.

Les activités de l’IMF tchadienne illustrent le continuum qui doit se développer entre interventions d’urgence qui concernent souvent la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance, notamment pour les déplacés forcés, en réfléchissant à l’articulation entre les transferts monétaires, et un accès plus large aux services financiers favorisant l’initiative entrepreneuriale dans ces zones d’accueil. Les IFD peuvent jouer un rôle en soutenant les institutions de microfinance qui facilitent les distributions de cash pour les organisations humanitaires tout en poursuivant des activités de crédit.

 
Juan Coderque

Juan Coderque

Conseiller senior pour les Financements innovants
Comité international de la Croix-Rouge

Parcours

Juan Coderque travaille depuis 1997 pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Il a occupé des postes dans le Caucase, en République démocratique du Congo, au Sud-Soudan, en Côte d’Ivoire, dans la bande de Gaza, au Liban, au Sahel, dans la Fédération de Russie et à Genève. Ces dix dernières années, il s’est concentré sur le développement de modèles novateurs de financement et de partenariats public-privé pour l’action humanitaire. Le CICR a récemment fusionné ses capacités de financement innovant avec le Humanitarian Innovative Finance Hub (HIFHUB), une initiative lancée en 2023 par la Croix-Rouge danoise pour développer les financements innovants au profit du Mouvement Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, mais aussi pour l’ensemble de l’écosystème. Juan Coderque occupe aujourd’hui les fonctions de conseiller senior auprès du HIFHUB et du CICR.

Comité international de la Croix-Rouge

Organisation impartiale, neutre et indépendante, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a la mission exclusivement humanitaire de protéger la vie et la dignité des victimes de conflits armés et d’autres situations de violence, et de leur porter assistance. Le CICR s’efforce également de prévenir la souffrance par la promotion et le renforcement du droit et les principes humanitaires universels. Créé en 1863, le CICR est à l’origine des Conventions de Genève et du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, dont il dirige et coordonne les activités internationales dans les conflits armés et les autres situations de violence.

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