QUELLE EST LA SITUATION DE L’ARMÉNIE EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ?
La sécurité alimentaire est un volet essentiel de notre sécurité nationale. En Arménie, elle est principalement assurée par le développement de l’agriculture, la production nationale et les importations agro-alimentaires. Certains secteurs agricoles sont traditionnellement plus développés en Arménie, et lui assurent un niveau d’autosuffisance relativement élevé : parmi eux, les fruits et légumes, l’élevage ovin et caprin, les œufs, le poisson, le bœuf et le porc, ainsi que les produits laitiers. Dans d’autres catégories, en revanche, l’approvisionnement du pays repose massivement sur les importations ; c’est le cas pour la farine, le riz, le sucre et les huiles végétales.
Cette dépendance expose l’Arménie à des risques, notamment ceux liés à une éventuelle pénurie mondiale ou à une augmentation des prix. Pour y répondre, le gouvernement a mis en place des politiques et des mesures visant à promouvoir la production nationale dans les secteurs vulnérables – subventions au financement et à la formation des agriculteurs, développement de technologies et de systèmes d’irrigation modernes, etc. Pour 2020, l’indice de sécurité alimentaire (Global Food Security Index) de l’Arménie était de 59,4 %1, se décomposant comme suit : 64,9 % pour la disponibilité alimentaire ; 55,4 % pour l’accessibilité ; 65,1 % pour la qualité et la sécurité ; 51,2 % pour les ressources naturelles.
COMMENT EXPLIQUER CETTE SITUATION ?
Au cours de son histoire, l’Arménie a dû faire face à des enjeux de sécurité alimentaire en raison de sa géographie, de l’étendue limitée de ses terres cultivables, et de sa dépendance aux importations. Les conditions climatiques, la dégradation des sols et la faiblesse des infrastructures sont autant d’obstacles à la production agro-alimentaire nationale. En outre, le pays manque de technologies et d’équipements modernes pour développer son secteur agricole. Les agriculteurs se battent pour répondre à la demande, sur un marché dont l’évolution est rapide, qui exige de la qualité et des processus de production efficaces.
Le conflit du Haut-Karabakh a également eu des conséquences sur la sécurité alimentaire. Il a perturbé les activités agricoles, conduit à des déplacements de population et endommagé les infrastructures, avec des effets directs sur les communautés rurales et leur capacité à produire de quoi nourrir la population. Le blé a été le secteur le plus touché. Mais d’autres facteurs socio-économiques – chômage, pauvreté, inégalités de revenus – contribuent aussi à l’insécurité alimentaire. Les populations vulnérables, et notamment les ménages à faibles revenus, ont parfois du mal à accéder à une alimentation complète et équilibrée.
COMMENT FCA CONTRIBUE-T-ELLE À LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ?
La mission que s’est donnée FCA reflète son engagement à améliorer les conditions de vie dans l’Arménie rurale, en favorisant l’accès aux services financiers de certaines populations et organisations : les acteurs du secteur agricole et de l’agro-alimentaire, les PME et les micro-emprunteurs, les agriculteurs jeunes, débutants ou à la tête de petites exploitations, les femmes, mais aussi les minorités vivant en zone rurale. Près de 82 % du portefeuille de crédits sont alloués à l’agriculture. FCA finance la production primaire (culture et élevage de bétail), ainsi que la transformation et la production de denrées alimentaires. En raison de sa taille modeste, la coopérative n’est pas en mesure de modifier de façon significative le niveau de sécurité alimentaire du pays, mais elle représente tout de même 6 à 7 % du total des crédits consentis à l’agriculture en Arménie.
COMMENT LE PRINCIPE COOPÉRATIF DE « UN CLIENT, UN VOTE » DÉTERMINE-T-IL VOTRE FONCTIONNEMENT ?
Présente à l’échelle nationale, FCA est la seule institution de crédit en Arménie qui soit véritablement une coopérative. Ses membres sont à la fois les propriétaires, les contrôleurs et les bénéficiaires de l’organisation. Le modèle coopératif contribue à sa stabilité : les crédits sont en effet accessibles aux clients et aux sociétaires dans les périodes de prospérité comme dans les moments difficiles. Les valeurs de l’organisation sont l’honnêteté, le respect, l’engagement, le souci du client, le travail d’équipe, la précision, l’efficacité, la transparence et le professionnalisme. FCA établit des relations de long terme avec ses clients-sociétaires, dont les besoins financiers sont souvent complexes. En ce sens, elle est un prêteur socialement responsable, qui agit dans l’intérêt de tous les agriculteurs et bénéficiaires de la coopérative.
QUELS IMPACTS ATTENDEZ-VOUS DU SOUTIEN DU GROUPE AFD ?
Le prêt accordé par l’AFD (libellé en drams arméniens) joue un rôle essentiel pour nos activités de crédit coopératif. Dans la mesure où FCA ne peut accroître ses fonds propres qu’avec les contributions de ses membres, il lui est très difficile d’obtenir une croissance annuelle significative. Le prêt subordonné de l’AFD étant comptabilisé au rang des fonds propres de catégorie 2 (« Tier 2 »), il augmente à ce titre en volume la capacité de crédit, et permet d’utiliser la totalité des fonds propres comme levier pour emprunter des capitaux supplémentaires. Ce type de partenariat illustre le rôle crucial des institutions de financement du développement, et constitue un excellent exemple de partenariat stratégique.
En Arménie, le marché des crédits à l’agriculture est très concurrentiel. La stratégie de FCA consiste à maintenir et accroître sa part de marché en se concentrant sur ses points forts, notamment sa flexibilité, sa tarification, son service client et ses principes coopératifs. Plusieurs produits nouveaux sont en cours de développement : des prêts aux activités d’agrotourisme et de tourisme rural, le financement des chaînes de valeur, des prêts concernant l’efficacité énergétique, mais aussi des prêts ciblant de jeunes agriculteurs, débutants ou dirigeants de petites structures – sans oublier l’introduction récente d’un produit de crédit-bail.