Annapurna Finance : la microfinance au service de l'autonomisation des femmes indiennes | Proparco

Spécialisée dans les prêts solidaires, l'institution de microfinance indienne Annapurna Finance – soutenue de longue date par Proparco – sert une population majoritairement féminine, en zones rurales où le niveau d’inclusion financière est jugé très faible. Reportage dans l’État de l’Odisha, dans le nord-est du pays, à la rencontre de femmes bénéficiaires.

Créée en 2007, Annapurna Finance est l'une des principales institutions de microfinance (IMF) indiennes qui, grâce à un fort ancrage rural, sert une population en immense majorité féminine éloignée des systèmes bancaires traditionnels. Présente sur l’ensemble du pays, elle accompagne 2,3 millions de clients dont 99 % sont des femmes.

En 2022, Proparco a participé, à hauteur de 15 millions de dollars, à une levée de fonds en faveur d’Annapurna Finance. Ce tour de table, d’un montant total de 100 millions de dollars, va permettre à l’IMF de développer son portefeuille de prêts, d'investir dans les nouvelles technologies, de s'étendre géographiquement et de poursuivre sa vision de l'inclusion financière à grande échelle.

	__	Montant moyen emprunté par chaque client d’Annapurna Finance dans l’agence de Begunia, dans l’État indien de l’Odisha. Cette agence – qui couvre un secteur de 240 villages – compte plus de 5000 clients, très majoritairement des femmes.

Annapurna Finance - Chiffres clés

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Montant moyen emprunté par chaque client d’Annapurna Finance dans l’agence de Begunia, dans l’État indien de l’Odisha.

Cette agence – qui couvre un secteur de 240 villages – compte plus de 5000 clients, très majoritairement des femmes.

ANNAPURNA, LA MICROFINANCE XXL

Au siège de l’IMF, dans la ville de Bhubaneswar – capitale de l’État d’Odisha au nord-est de l’Inde – une charte résume les règles d’intégrité et de transparence internes. Annapurna Finance se fixe ainsi pour mission principale « de servir les clients à faibles revenus et leurs familles en fournissant des services financiers éthiques, dignes, transparents, équitables et efficaces. »

	__	« Les impacts financiers et sociaux de la microfinance en Inde sont très importants auprès des femmes en particulier. D’ici 2027, notre objectif est d’accompagner 4 millions de femmes éloignées des systèmes bancaires formels. » Dibyajyoti Pattanaik, Directeur d'Annapurna Finance

Dibyajyoti Pattanaik, Directeur général de Annapurna Finance

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« Les impacts financiers et sociaux de la microfinance en Inde sont très importants auprès des femmes en particulier. D’ici 2027, notre objectif est d’accompagner 4 millions de femmes éloignées des systèmes bancaires formels. »

Dibyajyoti Pattanaik, Directeur d'Annapurna Finance

À Hirapur, village isolé de l’Odisha, six femmes ont créé un collectif pour bénéficier de ce système de microcrédits qui joue un rôle capital en matière d'autonomisation des femmes. Elles s’appellent Mina, Jharna, Nirmala, Ranjita, Sulochana et Sosmita. Tisserandes, pêcheuses, vendeuses… Grâce à l’appui d’Annapurna Finance, elles peuvent – souvent depuis leur domicile – créer et développer une activité génératrice de revenus. Rencontres.

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@ Proparco

MINA ET SULOCHANA : LE MICROCRÉDIT POUR SORTIR DE L’EXTRÊME PAUVRETÉ

D’un geste précis et mille fois répété, Mina fait glisser une navette en bois sur le plateau de son métier à tisser, installé dans une pièce de sa maison. Sous ses mains expertes, et dans le bruit cadencé de la machine, se dessinent peu à peu les contours d’un sari quadrillé rouge, blanc et noir – un tissu qu’elle vendra entre 400 et 800 roupies pièce (5 à 10 euros environ).

Ce jour-là, et pendant 8 heures, cette femme de 46 ans, mère de 2 enfants, va ainsi assembler trois exemplaires de cette longue étoffe drapée, symbole en Inde de beauté et d’élégance féminine. « C’est une tâche difficile et exigeante, mais grâce à cet investissement », explique-t-elle en désignant son métier à tisser électrique, « j’ai triplé mon niveau production ». Mina a ainsi pu sortir de la grande pauvreté dans laquelle elle se trouvait alors. « Je travaillais sur un métier à tisser manuel, beaucoup moins fiable. Il y a 2 ans, j’ai pu acquérir ce modèle grâce à un prêt de 30000 roupies (370 euros environ), que m’a accordé Annapurna Finance. Une somme que je rembourse chaque mois, sans difficulté ».

À ses côtés, le visage éclairé d’un bindi – ce point rouge que les femmes indiennes mariées apposent entre leurs sourcils – Sulochana témoigne. « Il y a six mois, j'ai appris qu'Annapurna Finance aidait les femmes de notre communauté. J’ai contacté [l’IMF] et j'ai obtenu un prêt de 50 000 roupies (environ 550 euros) », précise-t-elle, son enfant en bas âge dans les bras. « J'utilisais moi aussi un métier à tisser manuel. Avec le modèle électrique que je viens d’acheter, ma production a augmenté de façon spectaculaire. J'avais l'habitude de gagner 200 roupies (moins de 3 euros) par jour. Je peux désormais espérer en gagner cinq fois plus ».

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QUAND MICROCRÉDIT RIME AVEC DIGITALISATION

« L’accès à nos services digitaux est un sujet essentiel », appuie Radharani Barik, qui dirige l’antenne d’Annapurna Finance à Begunia (à laquelle sont rattachés 240 villages, dont celui de Hirapur). « La digitalisation permet de renforcer les interactions avec nos clients ». Cet usage - qui passe par le paiement mobile – est en effet un facteur clé d’inclusion financière, permettant de gommer l’éloignement géographique et d’intégrer le plus grand nombre au système bancaire par des coûts de transaction faibles.

« 60 % de nos clients ont recours à des solutions digitales dans la gestion de leur trésorerie », poursuit madame Barik. Une utilisation qui, en Inde, s’opère via Google Pay ou des solutions locales comme Phone Pe, Bhim UPI ou encore Paytm. « L’enjeu est de généraliser cet usage », relève-t-elle. « Nous sensibilisons et formons l’ensemble de nos bénéficiaires ».

Dans le village de Hirapur, ce lien avec le numérique est déjà bien ancré. En direct, Soshima suit ainsi ses dernières transactions depuis l’application d’Annapurna Finance. « C’est simple, pratique et efficace », résume dans un large sourire la jeune femme, âgée d’une vingtaine d’années.

@ Proparco

JAHRNA : « TROP PAUVRE, JE N’AVAIS PAS ACCĖS AU CRÉDIT BANCAIRE CONVENTIONNEL »

Devant sa maison aux murs peints couleur bleu-cyan, à l’entrée du village de Hirapur, Jahrna dispose la pêche du jour : plusieurs kilos de crevettes et une poignée d’orphies, un poisson longiligne en forme d’aiguille. « Mon mari les pêche à quelques kilomètres du village, moi je les vends », résume cette femme de 38 ans, enveloppée dans un lumineux sari aux reflets dorés.

« Lorsque j'ai commencé mon activité, je me rendais à vélo au marché de Belugaon, à plus de 60 kilomètres. Je revenais épuisée à la maison ». Jusqu’au jour où, grâce au soutien financier d’Annapurna Finance, elle a pu investir dans un véhicule à 3 roues puis acquérir une camionnette, « Sans Annapurna, je n’aurais pas pu me développer. Trop pauvre, je n’avais pas accès au crédit bancaire conventionnel ». Les coûts de transaction poussent en effet souvent les banques commerciales à ne pas servir les petits comptes et les micro-entrepreneurs. « Annapurna m’a permis de sortir de cette impasse », poursuit Jarhna qui a d’abord emprunté à l’IMF 50000 roupies (610 euros environ,) puis 300000 roupies (3700 euros environ) sous forme de prêts solidaires.

« J'ai récemment construit ma propre unité de stockage pour le poisson grâce à nouveau au soutien d’Annapurna. Mon entreprise est en pleine expansion et je suis autonome financièrement ».

« En Inde, la microfinance a un impact financier et social très important »

Entretien avec Dibyajyoti Pattanaik, Directeur général de Annapurna Finance