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Enfants Inde Education
Pour pallier le manque d’investissements publics dans le secteur de l’éducation, le fonds Kaizenvest – présent dans 5 pays de la région Indo-Pacifique – cible en priorité les structures d’enseignement (écoles, universités, crèches) et les sociétés qui améliorent l'accès à l’éducation (e-learning). Avec pour objectif de permettre au plus grand nombre d’accéder à un enseignement gratuit et de qualité. Précisions de Sandeep Aneja, co-fondateur et dirigeant de Kaizenvest.

Portrait - Sandeep Aneja

 

Sandeep Aneja
Co-fondateur et dirigeant de Kaizenvest

 

 

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KAIZENVEST

  • Fonds créé en 2009 par Sandeep Aneja et Jetu Lalvani ;
  • Dans la région Indo-Pacifique, Kaizenvest est déployé dans 5 pays : Inde, Bangladesh, Vietnam, Philippines et Indonésie ;
  • Depuis sa création, Kaizenvest a investi dans 18 sociétés spécialisées sur le secteur de l’éducation. 
     
 

 

  • Soutenu par Proparco, le fonds Kaizenvest s’est spécialisé dans le secteur de l’éducation en Asie du Sud et du Sud-Est. Quel est votre portefeuille ?

Sandeep Aneja : Nous investissons dans des entreprises qui apportent des solutions soit aux difficultés d’accès, soit aux problèmes de qualité, omniprésents dans le secteur éducatif dans toute la région Indo-Pacifique. La plupart des gouvernements négligent les dépenses d’éducation, bien souvent de l’ordre de 3 à 4% du PIB seulement, ce qui couvre essentiellement les salaires des enseignants, sans marge de manœuvre pour améliorer la qualité de l’enseignement. En tant qu’acteur du secteur privé, nous mobilisons du capital afin de contribuer à l’innovation dans le financement et les solutions technologiques adaptées aux systèmes éducatifs et d’apprentissage, en particulier ceux auxquels ont accès les populations les moins favorisées économiquement dans nos pays-cibles. Nos investissements portent sur des réseaux de crèches, des écoles maternelles, des solutions d’apprentissages périscolaires, l’enseignement de l’anglais ou d’autres langues, l’alphabétisation financière, la formation continue et les compétences professionnelles spécifiques, le financement éducatif, et des solutions de EdTech applicables à la fois en B2B et en B2C.

  • Pourriez-vous donner un ou deux exemples concrets ?

Toppr, une société de EdTech qui fournit – à des tarifs abordables – des services d’enseignement périscolaire de qualité pour des élèves âgés de 12 à 18 ans, dans les matières dites « STEM » (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques). L’entreprise a réduit de plus de 60% le coût de ces enseignements, les rendant accessibles aux étudiants des villes de Tier 2 et Tier 3 grâce notamment à une application didactique, très utilisée pour des séances d’exercices gratuites. Toppr constituait la meilleure offre B2C sur le marché, et l’entreprise a été rachetée en 2021 par Byju’s, leader mondial du secteur EdTech.

Phinma Education est un réseau d’établissements d’enseignement supérieur, qui compte 10 institutions aux Philippines et en Indonésie. Pour des frais de scolarité d’environ 500 dollars par an, il offre aux personnes à charge des agriculteurs, pêcheurs ou travailleurs expatriés un enseignement supérieur tourné vers l’emploi. Lorsque nous avons investi dans la société, en 2019, le réseau comptait 72 000 étudiants. Aujourd’hui, trois ans plus tard, ils sont 125 000. Non seulement l’entreprise résout un énorme problème de qualité et d’accès à l’éducation, mais elle constitue aussi une vraie réussite financière, qui vise une entrée en bourse en mars 2024.

L’éducation est la clé du développement durable à long terme, y compris pour atteindre la neutralité carbone.

 

  • Quelle est votre stratégie pour accompagner ces entreprises dans la région Indo-Pacifique ? 

Ces sociétés du secteur de l’éducation proposent des solutions financières et technologiques intelligentes et pertinentes pour leurs clientèles de la région. En tant que fonds sectoriel, nous apportons de la valeur à ces entreprises en matière de stratégie, de recrutement, de développement commercial, de formation ESG, de cohérence de l’actionnariat, voire de sortie. Dans notre portefeuille, on trouve des exemples pour chacune de ces catégories d’action. Pour un pays donné, il y a énormément d’enseignements à tirer qui peuvent ensuite s’appliquer à d’autres pays. Dans l’ensemble des marchés où nous intervenons, les dépenses publiques d’éducation sont généralement faibles. Les institutions et prestataires privés utilisent l’anglais comme langue d’enseignement, ce qui leur confère un avantage du point de vue de l’employabilité. De ce fait, pour un enseignement de qualité à des tarifs abordables, les apprenants et leurs parents se tournent massivement vers des prestataires privés. Les familles consacrent souvent jusqu’à 30% de leur revenu disponible à l’éducation. Etant implantés dans plusieurs pays, nous sommes bien positionnés pour soutenir nos entreprises, dans la mesure où les différents segments éducatifs évoluent à des rythmes qui varient selon les marchés. En outre, beaucoup des fondateurs et dirigeants des entreprises que nous avons en portefeuille nous font rencontrer d’autres entrepreneurs du secteur.

  • Comment abordez-vous la région Indo-Pacifique ?

Nous prenons des participations minoritaires dans des entreprises innovantes du secteur éducatif. Nous sommes presque toujours chefs de file et nous aimons impliquer d’autres investisseurs dans les sociétés du portefeuille, y compris d’ailleurs les investisseurs de notre fonds. Cela apporte à nos entreprises un avantage concurrentiel en matière de financement. Nous travaillons en étroite collaboration avec elles pour finaliser la stratégie post-investissement, développer l’équipe, insister sur le modèle économique et la rentabilité des unités, sur la formation en matière d’ESG et d’impact, mais aussi pour nouer des partenariats stratégiques, y compris pour des opportunités de sortie et autres « événements de liquidité ». Dans la plupart de nos investissements, nous avons des fonctions au Conseil d’administration, et nous sommes généralement l’investisseur ou l’actionnaire le plus actif. Compte tenu de notre volonté de marier innovation et rentabilité, notre stratégie est bien adaptée à la croissance du secteur de l’éducation dans la région indopacifique. 

  • Quelle est votre stratégie pour les années à venir ?

La région Indo-Pacifique est au cœur de l’innovation mondiale en matière de technologies numériques pour l’enseignement. Beaucoup de ces innovations ont été reproduites dans d’autres pays émergents. Parce que nous visons des entreprises à fort impact, récentes mais qui sont déjà soit rentables, soit en passe de le devenir, notre stratégie va consister à effectuer dans 12 à 15 opérations d’investissement dans la région, sur les 4 ou 5 prochaines années. Nous souhaitons privilégier dans nos investissements des sociétés à fort impact social, avec une attention particulière portée à l’égalité des genres. Ces sociétés doivent avoir pour objectifs d’apprendre à lire et à compter aux enfants dès le plus jeune âge, d’apporter aux étudiants et professionnels en formation des compétences permettant d’accroître leur employabilité, mais aussi de réduire le coût des apprentissages à travers des innovations technologiques et pédagogiques rendant l’enseignement plus accessible et plus équitable. L’éducation est la clé du développement durable à long terme, y compris pour atteindre la neutralité carbone. La sensibilisation aux enjeux climatiques par le biais des programmes scolaires se développe dans l’ensemble des pays émergents, et nous chercherons aussi à investir dans ce type d’entreprises. De façon tout aussi essentielle, notre stratégie d’investissement durable dans le secteur continuera d’apporter des rendements de marché à nos investisseurs.