LES CODEURS DE LA SILICON SAVANNAH

Un développeur informatique d'Andela
Kenya Nigéria Ouganda
Les codeurs de la
Silicon Savannah
900
développeurs à Kampala, Lagos et Nairobi
23%
de femmes parmi les développeurs
Systèmes autonomes d’énergie solaire ou solutions de paiement mobiles pour usagers non bancarisés, la technologie aide à résoudre un large éventail de problèmes majeurs du développement en Afrique subsaharienne. Un peu partout sur le continent, scientifiques, ingénieurs et entrepreneurs associent leurs technologies et leurs connaissances pour trouver des solutions adaptées aux besoins des populations et susciter une croissance durable.

La révolution de la tech africaine accélère la transformation économique à un rythme spectaculaire. Après avoir exploré les fonctionnalités des technologies mobiles et du cloud, des start-up mettent en effet au point des applications qui leur servent à élaborer des modèles économiques différenciés, adaptés à leurs marchés. Elles ont ainsi créé de nouvelles technologies, spécifiquement africaines et donc en phase avec les modes de vie et les complexités du territoire, en s’appuyant sur les infrastructures existantes pour fournir des services essentiels mais selon des approches auxquelles le reste du monde n’aurait jamais songé. 

Le continent a récemment lancé des solutions innovantes pour remédier aux problèmes rencontrés par ses citoyens et ses entreprises. Par ailleurs, de récentes initiatives soulignent le fort potentiel des entreprises tech africaines à proposer des solutions d’envergure mondiale. Les visites de Mark Zuckerberg, Sundar Pichain ou Jack Ma il y a peu prouvent combien les leaders du secteur s’intéressent vivement, et concrètement, aux opportunités à saisir dans la région. Proparco compte aussi jouer son rôle en finançant les start-up qui apportent des solutions concrètes et innovantes aux problèmes majeurs du développement.

Pour l’écosystème tech en Afrique, l’avenir est prometteur !

Andela - Portrait
Portrait d'une Andelan
Développeuses d'Andela
Un engagement à féminiser la profession
Aujourd’hui chez Andela, 23 % des développeurs sont des développeuses, contre 5,8 % selon la moyenne mondiale. Pour favoriser la parité femme-homme dans ses équipes, Andela organise de nombreuses campagnes de recrutement et des séminaires de formation réservés aux femmes, à Lagos et à Nairobi. La société a aussi lancé l’initiative « She Loves Code », littéralement « elle aime le code », programme qui permet à des professionnelles de devenir « marraines » de jeunes femmes de leur communauté et d’organiser des événements locaux.
Main et clavier
L'émergence du capital-risque pour répondre aux problèmes de financement
Malgré les opportunités d’investissement que présente l’industrie tech en Afrique, les financements manquent aux start-up africaines pour s’étendre au-delà de leurs marchés locaux.

C’est pourquoi les fonds de capital-risque comme TLcom TIDE Africa y jouent un rôle inédit. TLcom TIDE Africa est le premier de ces fonds internationaux à cibler exclusivement l’innovation et les services axés sur les technologies en Afrique subsaharienne, à chaque étape du cycle de capital-risque. Il bénéficie du soutien de Proparco, qui a investi 5 millions de dollars dans ce fonds, depuis janvier 2018.

C’est là sans conteste une démarche audacieuse, mais c’est aussi une démarche nécessaire dans la mesure où les technologies pourraient bien être la clé d’un développement durable en Afrique. Aussi la société TIDE Africa a-t-elle attiré l’attention de Proparco, de la Banque africaine de développement et de la Banque européenne d’investissement après son premier tour de table, de 40 millions USD, en 2017. L’un des investissements de TIDE Africa a consisté en une prise de participation dans la société Andela.
Les équipes d'Andela
Andela, une success-story africaine
Créée en 2014, la société Andela est à l’avant-scène de ces bouleversements technologiques. Son objectif est de lutter contre la pénurie mondiale de talents technologiques en investissant dans les développeurs les plus doués d’Afrique. Selon les estimations, un million de postes dans ce secteur restent vacants rien qu’aux États-Unis. Plus encore, cette pénurie de talents freine la croissance d’écosystèmes technologiques majeurs.

Andela mise donc sur le dividende démographique africain et investit dans des viviers de matière grise à fort potentiel sur tout le continent pour aider une centaine d’entreprises partenaires à constituer des équipes d’ingénieurs décentralisées. À l’heure actuelle, Andela compte des campus technologiques au Nigeria, au Kenya et en Ouganda pour fournir aux leaders technologiques des centres où collaborer plus efficacement.
Cours dans les locaux d'Andela au Kenya
Une formation de haut niveau
Pour devenir développeur Andela, la sélection est rigoureuse. En moyenne, 10 candidats sur 2 000 rejoignent la société pour un temps plein de quatre ans. Durant six mois, les nouvelles recrues côtoient les ingénieurs senior et travaillent au sein des équipes produits internes. Une fois leurs compétences technologiques et aptitudes à travailler en équipe confirmées, ces collaborateurs rejoignent l’une des 100 entreprises partenaires d’Andela, dont ils intègrent les équipes en tant qu’ingénieurs à temps plein. Un véritable atout pour les salariés : « Même si je travaille ici depuis moins de deux ans, j’ai déjà eu l’occasion de collaborer avec des entreprises technologiques mondiales vraiment incroyables », explique Mbithe Nzomo, jeune développeuse kényane.

Sur près de 100 000 candidatures, Andela a sélectionné aujourd’hui plus de 900 développeurs dont la moitié a été placée auprès d’entreprises partenaires. Les autres conçoivent en interne les produits d’Andela ou suivent encore la phase d’intégration.
Reportage dans les bureaux d'Andela au Kenya.

Nairobi accueille le 3ème campus d'Andela, après ceux de Lagos et de Kampala.

 

Joshua Mwaniki, Directeur d'Andela pour le Kenya, nous présente la raison d'être d'Andela tandis que de jeunes développeurs expliquent ce qui les a motivé à postuler et à rejoindre la start-up. Enfin, Maurizio Caio de TLcom explique pourquoi le fonds Tide Africa a investi dans Andela pour l'accompagner dans son développement.

Entretien avec TLcom TIDE Africa
Portraits de dirigeants du fonds TLcom TIDE Africa

Maurizio Caio a fondé TLcom il y a environ vingt ans pour investir dans le capital-risque technologique en Europe et en Israël. Ces dix dernières années, la société s’est vivement intéressée aux entrepreneurs tech africains. Puis, en 2013, TLcom a lancé le TIDE Africa Fund, fonds de capital-risque pionnier pour saisir les opportunités d’investissement dans les entreprises subsahariennes en création ou en développement. 

Andreata Muforo, associée chez TLcom, s’occupe des flux de transaction et des levées de fonds.

Pour TLcom, où sont les opportunités technologiques en Afrique aujourd’hui ?

(Andreata) Dans les années 1990, nous nous demandions comment connecter l’Afrique au reste du monde. Il s’agissait alors surtout de développer les infrastructures des TIC. Puis nous nous sommes efforcés de connecter les Africains en recourant aux technologies, en particulier avec les ordinateurs, téléphones mobiles et autres appareils électroniques. D’où des taux de pénétration de la téléphonie mobile atteignant 70 à 80 % sur l’ensemble du continent. 

En conséquence, la dernière étape de la révolution technologique porte sur la manière d’utiliser cette connectivité pour fournir les services qui correspondent aux besoins et aux désirs des Africans. Par exemple, l’accès aux services de base dans plusieurs secteurs comme la finance, l’énergie, l’éducation ou la santé est plutôt faible par rapport aux taux de connectivité, ce qui constitue une grande opportunité si l’on exploite des modèles économiques innovants qui permettront aux entrepreneurs d’accroître l’accessibilité de leurs services à des prix compétitifs. 

Un écosystème qui mûrit autant et évolue aussi vite multiplie pour nous les opportunités d’investissement sur le continent. Dans notre base de flux de transactions, nous comptons plus de 1 200 entreprises qui appliquent des modèles économiques prometteurs reposant sur les nouvelles technologies. Environ 70 % de nos flux de transactions proviennent du Nigeria, du Kenya et d’Afrique du Sud. Cependant, nous avons aussi constaté un dynamisme accru des petits marchés comme l’Ouganda, le Ghana, le Sénégal ou même le Rwanda, dont les autorités soutiennent les initiatives en matière d’innovation et d’entreprenariat. 

 

A-t-il été facile de convaincre les investisseurs d’adhérer à la vision de TIDE Africa ? 

Les investisseurs en capital-risque internationaux classiques connaissent mal l’Afrique. Ce n’est qu’aujourd’hui que nous voyons des institutions financières du développement (IFD) comme Proparco se placer en première ligne aux côtés de fonds comme le nôtre pour investir très tôt dans les opportunités d’amont. 

(Maurizio) Il est clair pour nous que sans les IFD, il n’y aurait pas de capital-risque en Afrique à ce moment de notre histoire. Ces institutions ont libéré des opportunités en se penchant sur l’écosystème tech et les start-up. 

 

Comment se sont déroulées vos discussions avec Proparco ?

(Maurizio) Je pense que les gens de Proparco ont adopté pour nous une démarche non traditionnelle, puisqu’ils se lançaient en territoire inconnu. La nature entrepreneuriale de l’évaluation faite par Proparco nous a beaucoup impressionnés, TIDE Africa constituant véritablement leur tout premier investissement dans un fonds de capital-risque.

Nous avons aussi été très impressionnés par le peu de temps qu’ils ont mis à prendre leur décision finale d’investir. Il leur a fallu environ six mois pour réaliser les études nécessaires, délai tout à fait honorable en regard des négociations que nous menions en parallèle avec d’autres investisseurs.

Enfin, les IFD sont d’une importance fondamentale pour nous, car ces partenaires nous aident à nous engager plus activement auprès d’autres fonds institutionnels, comme les family offices. Proparco et d’autres IFD ont vraiment ouvert la voie à de nouvelles levées de fonds pour TIDE Africa.


Combien d’accords de financement avez-vous signés jusqu’à présent ? 

Nous avons signés avec Terragon (Nigeria) et Msurvey (Kenya), qui interviennent dans le B2B en aidant les entreprises en Afrique à mieux comprendre leurs consommateurs par des solutions technologiques novatrices. Nous avons également investi dans Andela, société de développement logiciel qui connaît un essor rapide avec un portefeuille de clients corporate d’envergure internationale. 


En quoi Andela constitue un investissement intéressant ? 

(Maurizio) Andela a débuté comme structure à vocation sociale, mais nos nombreuses interactions avec l’équipe et notre présence au sein de son conseil d’administration ont beaucoup contribué à transformer leur vision pour en faire une entreprise à part entière. 

Entre-temps, Andela a fait la démonstration de son modèle économique et l’a validé. Il y a trois ans, ils envisageaient de se développer à New York. Aujourd’hui, environ 900 développeurs d’Andela travaillent à Lagos, Nairobi et Kampala. 

L’entreprise a également très vite compris que la concurrence ne se situe pas uniquement au niveau des services et des produits proposés, mais aussi sur le marché de l’emploi. En Afrique, c’est un défi majeur. Or, Andela a prouvé sa nette capacité à attirer les meilleurs managers et développeurs d’Afrique.