EN QUOI LES ACTIVITÉS DE WIOCC ET D’OADC ONT-ELLES CONTRIBUÉ À CONNECTER L’AFRIQUE AU MONDE NUMÉRIQUE ?
Les solutions de connectivité proposées par WIOCC ont une dimension transformatrice dans la mesure où elles font le lien entre ses réseaux sous-marins ou terrestres en « accès ouvert » et les concentrateurs numériques d’une autre société du groupe, Open Access Data Centres (OADC), également en open access. Ce dispositif permet de fournir une « infrastructure numérique ouverte convergente » (dite « CODI », pour Converged Open Digital Infrastructure). Sans équivalent, celle-ci contribue à accélérer la transformation numérique du continent.
L’offre CODI du groupe WIOCC permet en effet aux opérateurs du cloud, aux fournisseurs de contenu, aux entreprises de télécommunication et aux fournisseurs d’accès Internet de bénéficier rapidement et à moindre coût d’une infrastructure distribuée, ouverte et évolutive, pour accroître leur portée et déployer leurs capacités vers de nouveaux marchés, où ils sont à même d’offrir aux entreprises comme aux particuliers une large gamme de produits et services. La CODI incite aussi les entreprises internationales à développer leurs investissements sur les marchés du continent, en croissance rapide. Le groupe WIOCC contribue à la transformation numérique de l’Afrique à travers son engagement d’investir près d’un milliard de dollars en appui au déploiement de la CODI à l’échelle du continent.
QUELS SONT LES PRINCIPAUX OBSTACLES QUE VOUS AVEZ RENCONTRÉS POUR MENER À BIEN CETTE MISSION ?
Le premier défi a consisté à faire correspondre l’offre et la demande d’infrastructures numériques. En Afrique, des avancées technologiques rapides ont entraîné une explosion de la demande en matière de raccordement Internet et de services liés aux données, et donc une tension sur les infrastructures existantes. Construire et entretenir un réseau fiable et évolutif s’est avéré une tâche complexe, qui a nécessité des investissements stratégiques dans des systèmes de câbles sous-marins et terrestres, et des investissements colossaux dans la construction et l’exploitation de centres de données pleinement opérationnels.
Un autre frein important tient au manque de diversification des réseaux terrestres. Leurs limites ont introduit des vulnérabilités dans la connectivité, beaucoup de raccordements présentant une fiabilité médiocre. À cela s’ajoute la probabilité élevée de voir les réseaux perturbés par des phénomènes météorologiques violents ou des inondations, qui compromettent encore davantage leur fiabilité globale. Le manque de réseaux et de centres de données en accès ouvert a donc fait obstacle à la mise en place d’un écosystème numérique bien intégré. Faute d’options en open access disponibles en quantité suffisante, il est d’autant plus difficile d’assurer la continuité des solutions de connectivité. En outre, les stratégies de tarification mises en place par les opérateurs actuels au niveau des infrastructures critiques et des data centers aboutissent souvent à des prix prohibitifs. Cela crée des barrières financières qui rendent plus difficile l’entrée d’éventuels concurrents sur le marché, et freinent le développement d’infrastructures numériques financièrement plus accessibles.
Sur certains marchés, le protectionnisme des opérateurs et des principaux acteurs en place aggrave encore ces difficultés. En s’opposant à la libre concurrence, ils empêchent en effet le développement d’un environnement sain, susceptible de favoriser l’innovation, de faire baisser les coûts et, globalement, d’améliorer les options de connectivité. En dépit de tous ces obstacles, l’engagement du groupe WIOCC en faveur de l’innovation et des partenariats stratégiques lui a permis de réaliser des avancées majeures et de réduire la fracture numérique.
COMMENT PROPARCO A-T-ELLE SOUTENU LE GROUPE WIOCC FACE À CES DIFFÉRENTS DÉFIS ?
Avec le soutien de Proparco, WIOCC a été en mesure d’obtenir les ressources nécessaires pour assurer l’amélioration des infrastructures et l’expansion du réseau. Proparco a aussi pu proposer des points de vue et des conseils précieux, qui ont permis au groupe de prendre ses décisions en connaissance de cause, et d’aborder plus efficacement des défis complexes. De plus, la solidité financière, la réputation et la crédibilité de Proparco ont inspiré confiance à d’autres investisseurs et partenaires, permettant ainsi au groupe WIOCC de bâtir des alliances stratégiques et de s’assurer des financements complémentaires.
En outre, l’engagement bien connu de Proparco en faveur du respect des normes internationales et des meilleures pratiques est venu consolider la réputation de WIOCC en tant qu’acteur responsable et fiable dans le secteur des télécommunications, lui permettant de gagner la confiance des parties prenantes et des autorités réglementaires. Le soutien de Proparco a été déterminant pour démultiplier les efforts de WIOCC dans la mise en œuvre de sa vision, celle d’une Afrique numérique et connectée.
DE VOTRE POINT DE VUE, QUE RESTE-T-IL ENCORE À ACCOMPLIR POUR PARVENIR À RÉDUIRE LE FOSSÉ NUMÉRIQUE EN AFRIQUE ?
Pour réduire cette fracture, il est primordial de maintenir dans la durée l’engagement en faveur des infrastructures numériques en Afrique. Cela implique de développer des réseaux de fibre optique au niveau national et à l’échelle des villes, mais aussi de renforcer les data centers, autant ceux qui sont centralisés que ceux qui sont périphériques. Il est essentiel aussi de faciliter l’accès des populations à des appareils abordables et à des solutions de connexion Internet peu onéreuses.
L’harmonisation du cadre réglementaire et la simplification des politiques appliquées au secteur stimuleront la connectivité et les investissements transfrontaliers. Le soutien aux start-up technologiques, aux PME et aux fournisseurs d’accès Internet, ainsi que les initiatives permettant de réduire les coûts d’accès Internet, continueront de favoriser l’innovation et de faire grimper le taux d’adoption de ces outils. Les partenariats public-privé offrent quant à eux la perspective d’une mise en commun des ressources et des expertises. Il est nécessaire aussi de mettre en œuvre des programmes d’alphabétisation numérique et de développement des compétences, afin de doper la participation à l’écosystème numérique. Favoriser la création et la promotion de contenus numériques locaux permettra en outre de multiplier le nombre d’utilisateurs et de favoriser un développement inclusif.
COMMENT LE GROUPE WIOCC RÉPOND-IL AUX BESOINS DES PAYS ENCLAVÉS ET DE LA POPULATION EN GÉNÉRAL ?
Le groupe WIOCC accompagne le développement des infrastructures par l’investissement et l’amélioration continue des ressources numériques – notamment les réseaux de fibre optique et les centres de données. Le but est de déployer la connectivité au-delà des villes littorales pour atteindre les zones éloignées et insuffisamment desservies. À cela s’ajoute le développement de partenariats stratégiques avec des opérateurs locaux dans ces régions. En collaborant avec ces acteurs bien établis localement, WIOCC peut prendre appui sur leur expertise et sur leur connaissance du marché afin d’aborder les défis spécifiques de ces zones, et ainsi assurer une meilleure efficacité du service. En outre, par l’application de son modèle en open access, WIOCC favorise les forces concurrentielles et la baisse des coûts, d’où une participation accrue des parties prenantes, et un déploiement accéléré des réseaux connectés. La capacité du groupe à mettre en place une solution complète de connectivité clé en main lui permet d’intégrer les infrastructures transfrontalières et d’offrir une solution « tout-en-un » rationnalisée.
À travers cette démarche concertée, WIOCC s’efforce de créer un paysage numérique inclusif, qui bénéficie à la fois aux grandes métropoles côtières, aux villes de l’intérieur et aux régions enclavées jusqu’ici mal desservies, contribuant de ce fait au développement socioéconomique global de l’Afrique. Le continuum des centres de données « core to edge » (« du cœur à la périphérie ») et la rapidité avec laquelle ces derniers sont construits permettent d’accroître la pénétration du haut-débit. Des recherches ont pu montrer qu’une augmentation de 10 % de la pénétration du haut-débit entraîne une hausse du PIB pouvant aller jusqu’à 2,5 %.
QUEL EST L’IMPACT DE L’URBANISATION RAPIDE DE L’AFRIQUE SUR L’INFRASTRUCTURE ET LES SERVICES NUMÉRIQUES ?
L’accroissement de la population urbaine renchérit la demande d’infrastructures numériques, notamment en matière de connectivité et de data centers. Il s’agit de répondre à une plus forte concentration d’utilisateurs en zone urbaine et à la multiplication des besoins, d’où la nécessité d’assurer les mises à niveau et une bonne « connectivité du dernier kilomètre ». Dans le même temps, l’urbanisation conduit à une adoption plus large de services numériques tels que le e-commerce ou la banque en ligne, entraînant des transformations dans des secteurs comme la santé, les services financiers ou l’éducation. Le marché des villes présente des opportunités commerciales lucratives pour les installateurs, les fournisseurs d’accès Internet, les opérateurs de réseaux mobiles et un grand nombre d’entreprises qui, dans toute l’Afrique, proposent des solutions numériques – mais ce marché urbain accentue également la concurrence, d’où la nécessité d’innover en permanence.
QUELLE EST L’IMPORTANCE, POUR VOS CLIENTS, D’UN TRAITEMENT ET D’UN STOCKAGE DES DONNÉES AU NIVEAU LOCAL ?
Le stockage des données de nos clients sur leur territoire national permet d’assurer que les informations sensibles sont soumises aux dispositions juridiques et réglementaires du pays, ce qui consolide la souveraineté et la protection des données. Leur traitement local permet de réduire les temps de latence, ce qui bénéficie aux applications en temps réel et améliore l’expérience utilisateur. En outre, le stockage local renforce la sécurité en limitant l’exposition aux cyber menaces extérieures. Parmi les autres avantages d’un stockage et d’un traitement au niveau local, citons aussi l’optimisation de la bande passante et une meilleure accessibilité, même en cas de perturbations. Les data centers d’OADC permettent d’accroître les capacités de stockage, de traitement et de fourniture de contenus jusqu’aux confins du réseau, entraînant une amélioration de la performance des applications, la possibilité de traiter localement les données critiques, et la réduction des coûts de transmission.
QUELS SONT LES ENJEUX QUE DOIT RELEVER OADC À L’AVENIR ?
L’entreprise est à mi-parcours d’un programme d’investissement de plus de 500 millions de dollars, échelonné sur plusieurs années. Il conduira à la construction et à l’exploitation, dans toute l’Afrique, d’un réseau unique de centres de données « core to edge » d’envergure internationale, fonctionnant en accès ouvert. OADC est l’entreprise de data centers qui croît le plus rapidement sur le continent africain : ces douze derniers mois, elle a déployé plus de 30 centres « core to edge » à des emplacements stratégiques, en Afrique du Sud et au Nigéria. L’implantation « core » de Kinshasa, en RDC, sera la prochaine à voir le jour, et devrait être opérationnelle très bientôt.
Plusieurs autres pays africains ont été identifiés où il sera possible de poursuivre le déploiement du modèle unique d’OADC, en architecture « core to edge » et en accès ouvert. Celui-ci permettra de créer des environnements où les entreprises et les clients fournissant des produits et services numériques pourront se développer en élargissant leurs marchés de façon rapide, et à moindre coût. Cela permettra aussi d’accélérer le déploiement, sur les marchés africains, de produits, de services et de technologies dont le potentiel transformateur bénéficiera aux entreprises comme aux consommateurs.